© Neige Sanchez
© Neige Sanchez
Léonore Veya, doyenne de la section photographie, CEPV, Vevey, 2016 Depuis quelques années, je vais à la rencontre de personnes qui s’identifient en dehorsde la binarité homme/femme ou qui en réinventent les significations. Se détournant des mécanismes socioculturels et historiques qui construisent l’ancrage des identités, les individus photographiés ouvrent ainsi le champ vers d’autres possibles, d’autres champs d’investigations, de constructions de soi. Par le biais de la photographie, je rends visibles des êtres et des positionnements rarement mis en avant dans la société occidentale. Des histoires oubliées, effacées, ou bien trop souvent transformées en «show», en «freaks». Ici, je me suis intéressée à la manière dont je pouvais essayer d’éviter les stéréotypes et les pièges de la facilité. Il a fallu du temps, de la patience. Non seulement pour apprendre à déconstruire mes propres a prioris, mais aussi pour m’introduire dans cette sphère située à Genève, qui m’est devenue de plus en plus familière au fil du temps. Mais comment montrer un corps sans l’objectifier, le classifier, le catégoriser ou le réduire à son rôle social attendu? Comment inventer des modèles de représentations non binaires, non conformes? Ce sont les principales questions qui ont guidé ma recherche. Pour cela, j’ai laissé chacun·e s’investir dans la fabrication de son image créant de nouvelles performativités sociales. Le moment de la prise de vue, de la représentation, devient ainsi le moment de l’expres-
sion de soi, mais également celui de l’expérimentation et de la recherche de postures face à l’appareil, face au monde.