Réputée - comme d'autres en France - cité 'difficile', la Castellane se prête, dès qu'on l'approche caméra à la main, aux simplifications les plus grossières. Celles par exemple que, en connivence avec les pouvoirs économiques, véhiculent les médias, où, plutôt que la 'complexité', le mot 'difficulté' évoque tantôt "l'insoluble" tantôt ce qui requiert une solution sommaire (et, bien entendu, unilatérale: dont les actuelles apolitiques de réaménagement urbain). C'est en tournant le dos aux facilités du spectacle que Teddy Séguin s'est confronté à son sujet. Le choix du noir et blanc soustrait en effet figures et espaces de La Castellane à un contexte médiatique aussi haut en couleur qu'indéfini et criard. Prises de vue discrètes, elles jouent sur le contraste: la clarté géométrique, tout en plans et lignes qui découpent violemment l'espace, de l'omniprésent goudron d'une part; et d'autre part, sinueuses, parfois luxuriantes, les ombres de la végétation. Celle-ci est très présente dans les images. Sous forme de broussaille, elle isole la cité, la tient à l'écart du reste de la ville. Mais, face aux sauvageries normatives de l'ultra-libéralisme, elle semble offrir aussi - notamment aux habitants les plus jeunes - l'échappatoire, l'abri presque, d'une zone autrement sauvage aux sentiers pas encore battus.