© Kirill Golovchenko
Expositions du 12/11/2015 au 15/11/2015 Terminé
La Bellevilloise 19-21, rue Boyer 75020 Paris France
« Bitter Honeydew » (Melon Amer) est un travail et un livre éponyme de Kirill Golovchenko, lauréat du prix EPAP 2014.La Bellevilloise 19-21, rue Boyer 75020 Paris France
Agitation, chaos, surabondance, hypermarché au sens littéral du mot, de prime abord on assiste à une gargantuesque foire au melon en Ukraine l’été. Les vendeurs viennent des républiques voisines de Géorgie, d’Azerbaïdjan ou d’Arménie, à la recherche de moyens de subsistance. L’histoire se complique encore quand on sait que le travail documentaire qui se propose de suivre ces vendeurs itinérants de melons amers est effectué exclusivement de nuit, le long des routes nationales, dans un pays en proie aux désordres les plus profonds. Profonds comme la nuit justement, qui cadre et enferme les images jusqu’à en devenir le principal sujet. Un sujet forcément caché, comme si une immense pagaille généralisée avait élu là domicile et protection.
Personnes dénudées ou au minimum dépoitraillées s’occupent à cette invraisemblable industrie, mêlant ça et là mauvais garçons, prostitution et familles de vendeurs ensommeillés.
Une Babel réveillée par une lumière tranchante qui perce la nuit et vient éclairer à chaque fois un point précis de ce chaos généralisé. Nature morte de melons savamment disposés sur une tablette de formica, offrande. Couteau et verre côte à côte, sacrifice. Tournesols desséchés, que viendrait faire le soleil ici ?
Partout le choix de révéler des fragments de cette vie aux ressorts absurdes et de garder la nuit intacte, tout à la fois réceptacle du chaos ou possibilité du rêve.
Un même dispositif de prises de vues sera déployé par Kirill Golovchenko place Maïdan durant les manifestations monstres de 2014, en Ukraine. Avec de nouveau un dialogue entre éclats lumineux et nuit noire.
Une approche documentaire et artistique marquante qui fait de son auteur un artiste éminent de la nouvelle scène photographique qui de Berlin à Moscou révolutionne la photo aujourd’hui.
Thomas Doubliez