© Karen Knorr
Expositions du 29/10/2015 au 28/11/2015 Terminé
Galerie Les filles du calvaire 17, rue des Filles-du-Calvaire 75003 Paris France
Depuis 2012, Karen Knorr est partie à la ren- contre de la culture traditionnelle japonaise à travers de multiples voyages à Tokyo et Kyo- to. A partir de ses recherches, elle a conçu deux séries de photographies aux approches complémentaires : les karyukai qui sont des portraits de femmes et les monogatori qui placent les animaux sauvages dans des ar- chitectures témoins d’un héritage ancestral.Galerie Les filles du calvaire 17, rue des Filles-du-Calvaire 75003 Paris France
Karyukai est une série de portraits de geisha qu’elle a pu élaborer grâce à des artistes, des modèles et des amies. Elle se réfère aux estampes japonaises ukiyo-e (terme japonais signifiant « image du monde flottant ») représentant des bijin-ga (des icônes de beauté) et les photographies sont associées à des haïkus, poèmes composés par les gardiens du temple. Ces portraits raffinés révèlent les vestiges de la culture des geishas et son influence sur les femmes japonaises contemporaines.
La figure de la geisha – « gei » signifiant art et « sha » correspondant à la personne pratiquant cet art – ainsi que le Mont Fuji, forment les symboles du Japon depuis l’ère Meiji, lorsque le pays s’est ouvert à la culture occiden- tale vers le milieu du 19ème siècle. Ces dernières décennies, les geishas ont commencé à pouvoir travailler plus facilement en dehors de leurs structures habituelles. En effet, elles évoluent habituellement dans le cadre d’une so- ciété matriarcale, matérialisée par les hanamachi (les quartiers des geishas) qui perdurent à Kyoto, Osaka et Tokyo. Les geishas y vivent à un rythme strict, et sont dédiées au divertissement d’une clientèle composée presque exclusi- vement d’hommes d’affaires. Historiquement, ces divertissements consistent en l’art de la musique, de la discussion et de la danse.
Bien que de nos jours les femmes contemporaines s’habillent à l’occiden- tale, les kimonos sont toujours portés pour des occasions spéciales telles que la cérémonie de la majorité ou lors de réunions de famille. Les types de manches et de obi2 importent autant que les couleurs et la forme du vête- ment puisqu’ils désignent le statut social et indiquent si la femme est mariée.
Par exemple, le kimono furisode, conçu avec de longues manches flottantes, est porté par les femmes célibataires alors que le kimono tomesode, noir, est revêtu par les femmes mariées.
La série Monogatari, qui fait suite aux séries Fables (2004-2008) et India Song (2008-2010), traite symboliquement de la vie sauvage et de son articulation à la Culture, en se rapportant cette fois-ci à l’héritage japonais et à ses mythes. Les animaux sont placés dans d’élégantes architectures que l’artiste a décou- vert à travers Le Dit du Genji, célèbre nouvelle moderne écrite par Murasaki Shikibu, courtisane de l’époque Heian au cours du Xème siècle. Ces temples sont encore visibles partout dans Kyoto et nombres d’entre eux renferment de magnifiques décors réalisés par la célèbre école de peinture Kanō.
Ce travail se réfère également au monde fantastique des contes populaires. Les animaux ressemblent aux yōkai, fantômes et autres monstres surnaturels qui appartiennent au folklore. Les yōkai peuvent revêtir les traits d’animaux aussi bien que s’incarner sous une forme humaine ou bien encore se person- nifier dans un objet. Les femmes vêtues de kimonos qui les accompagnent parfois dans les mises en scène de Karen Knorr viennent corroborer l’omni- présence de la tradition.