Jean-Jacques Cagnart fait peu de clichés. L’importance n’est pas là. Il n’a jamais de cellule pour mesurer la lumière dont il fait l’éloge en numérique. Il ne recadre pas ses photos et ne les retouche pas. Son œil est dans le viseur mais il capte les alentours. Il ne fait jamais poser, saisit la spontanéité, le mouvement, le flux, le regard. Son empathie naturelle lui permet de s’adapter au rythme des hommes. Et l’expression surgit, le ciel s’ouvre, le rayon frappe, l’arc-en-ciel auspicieux se déploie. Les éléments se mettent en place dans l’évidence.
Jean-Jacques Cagnart recherche et arpente les bouts du monde où règne la démesure. Il est en quête de contrastes forts, de moments où les lumières se battent, de réflexions inouïes. Dans une perception présocratique des éléments premiers, il entre en résonnance avec le monde en mouvement et capte ses vibrations profondes.
Il en résulte des rapports d’échelle vertigineux, des moments singuliers d’une puissance calme ou sauvage, des ambiances entre aube et aurore, des dialogues entre les êtres et les choses, des attitudes, des signes prémonitoires, des embrasements. Parcourir les photos de Jean-Jacques Cagnart est une sorte d’éveil à l’impermanence.
Ce qui guide Jean-Jacques Cagnart, c’est le plaisir total de l’instant où il photographie, la symphonie à l’unisson des choses, des êtres et de la respiration du monde. Cette émotion personnelle très intense, cette plénitude résonne et atteint le spectateur.
La splendeur du monde saisit et de facto a valeur de témoignage. Les glaciers de la Cordillère des Andes seront-ils toujours aussi majestueux ? Quelles physionomies auront les dunes de Namibie ? Que deviendront les courses de chevaux mongoles et leurs itinérances dans les steppes ?
Sophie-Pulchérie Gadmer