© Frédéric Pasquini
UNE LONGUEUR DE VENCE
Il s’appelle Frédéric Pasquini, il est photographe.
Il aime Vence et ses quelques 19 300 habitants, occupés à batailler avec la vie. C’est plus fort que lui, il a toujours le regard braqué sur le monde qui l’entoure : Une attitude, un mouvement, un geste, un regard, un visage... Il dit que ce qu’il aime le plus dans ce métier qui est d’abord une passion, « C’est regarder les hommes vivre, de préférence en milieu urbain, les saisir dans les moments qui fondent leur quotidien, au travail, dans leur monde intime, dans ces fêtes où ils ne s’amusent pas tant que ça. » Ils sont artistes de jazz, danseurs, simples anonymes, peu importe, tous laissent échapper quelque chose qu’il détecte en eux, dont eux n’ont pas conscience... Il a voyagé, il les a vus ailleurs, en Italie, aux USA, en Asie...
Un jour, avec son amie Sylvie, l’envie d’un simple voyage à Vence a surgi comme une évidence. Prendre le temps de porter leur regard sur ces gens de la rue qu’ils croisaient tous les jours, sans les voir. Un angle d’approche qui serait celui de créer un rapprochement entre des personnes qu’ils arrêteraient dans la rue. Le projet est lancé. Un projet à deux têtes, Frédéric l’artiste, Sylvie la médiatrice.
De parfaits inconnus qui ne se connaissent pas, les associer en binôme pour inventer des couples éphémères, représentatifs de cette riche mosaïque qui constitue le tissu social et culturel de la commune de Vence. Hommes, femmes, enfants, jeunes, seniors...La seule contrainte pour eux était d’avoir, un « coup de cœur » spontané pour les personnes qu’ils voyaient passer puis, laisser parler leur intuition.. Ensuite, ils leur expliquaient leur projet afin qu’ils acceptent de poser pour l’artiste. Pour leur plus grande joie, tous se sont prêtés au jeu avec sincérité. Tous ont voulu laisser ce témoignage tranquille, chaleureux, de ce que veut dire vraiment, la notion de « diversité » et de « vivre ensemble ».
© Frédéric Pasquini
Voici la déclinaison de ce que Frédéric a glané au fil des jours, des rencontres et des échanges. De cette nouvelle aventure, il dit « sortir rassuré, heureux de constater que les Vençois, soient loin d’éprouver ce sentiment de défiance ou de rejet pour l’autre dont la presse nous rebat les oreilles à longueur d’informations. » Pour ça, il suffit juste de regarder les portraits qu’il expose, limpide témoignage de ses convictions. Ensuite, on se dira qu’il a raison. Bien que ”fictifs”, chacun de ces mariages est d’une réelle authenticité et démontre qu’il n’est pas si difficile de franchir la distance réflexe de protection que tout être humain se construit d’instinct. La plupart du temps par peur, par ignorance, ou victime de ses préjugés. Instinct, peut-être animal qui souffre de se méfier de ce qui est perçu comme une menace. Plus que jamais, il faut faire confiance à l’homme, au-delà des a priori et des différences.
Difficile certes, mais ça en vaut la peine, car « Le plus beau métier est le métier d’unir les hommes. » ( Antoine de Saint –Exupéry) Frédéric Pasquini qui exerce le métier de photographe, l'a bien compris lui qui s’emploie fermement mais en douceur, à contredire le discours ambiant des plus pessimistes. La plus jolie des réponses, en somme.
Michèle Nakache