© Osvalde Lewat
Expositions du 8/10/2015 au 22/10/2015 Terminé
Galerie Marie Laure de l'Ecotais au fond de la cour 49 rue de Seine 75006 Paris France
La nuit encercle. La nuit révèle. La nuit transcende.Galerie Marie Laure de l'Ecotais au fond de la cour 49 rue de Seine 75006 Paris France
Celle qu’Osvalde Lewat a sondée lors de ses séjours au Congo, de Kinshasa à Lubumbashi, en passant par le lac Mwero, est la matière nourricière de son travail photographique, à la rencontre de ce pays et de ses habitants.
Alors que la nuit est le moment du repos, du temps suspendu, du calme, les images nocturnes d’Osvalde bruissent et tonnent. Sa nuit est sonore et palpite comme un cœur qui s’éveille et irrigue un réseau sanguin.
Puis la couleur jaillit et compose avec l’obscurité une chorégraphie. Elle fait naître la vie.
De cette nuit africaine, la photographe ne nous livre pas toutes les explications. Sa démarche se situe au delà du documentaire pour nous transporter vers un territoire plus personnel et plus mouvant. Ouvert au rêve, à la fiction. A l’ailleurs.
Loin de l’anecdote, de la dramaturgie ou du « story telling », Osvalde nous donne à ressentir, à éprouver, à respirer. Elle s’affranchit de toute volonté de réalité purement objective. Ses grands formats ne sont d’ailleurs pas légendés et nous laissent libres de voyager, d’imaginer.
Elle travaille la nuit comme une matière première, comme la glaise d’un sculpteur. Et la lumière comme un peintre. Elle préfère conserver une part de mystère, cultivant le clair-obscur à la manière d’un de La Tour ou d’un Caravage. L’ocre, le jaune, le rouge occupent une place prépondérante, transpercés de couleurs plus vives, plus froides aussi. Les visages sont mystérieux, même lorsque s’y accroche un sourire.
Sa nuit reste une énigme, dont elle ne livre que quelques clés.
Étranglement, c’est la lumière qui est au cœur de cette nuit. Sous celle des torches, des feux, des phares de voitures, des quelques éclairages publics, un autre territoire et un autre temps se dessinent. Osvalde est notre guide dans cette nuit singulière. Et volontairement nous nous y perdons. La nuit nous enveloppe, comme elle nimbe les personnes qu’Osvalde rencontre. Nous sommes dans le tangible, mais la nuit opère un processus de déréalisation. Elle devient un lieu indéfini, un instant suspendu.
Les photographies de l’auteure dévoilent également avec délicatesse et respect l’intériorité des hommes, femmes et enfants qui animent ces nuits. Une lumière émane de chaque corps, de chaque visage, de chaque sourire ou regard.
C’est le conte d’une nuit doublement nourricière : pour ces personnes, pour qui ce temps nocturne permet des mo- ments d’échanges, de fête mais aussi de commerce et de travail, enfin délivrés de la chaleur diurne. Mais également pour la photographe qui se voit offrir un moment de confiance et de liberté, la nuit permettant de faire tomber les masques, de lâcher prise, de s’abandonner.
Osvalde Lewat ne vole rien. Elle reçoit cela comme un cadeau, dont elle connaît la valeur et la fragilité. Et sa sensibilité lui permet de le recevoir dans toutes ses nuances et de nous le délivrer à son tour.
Face aux images, des questions surgissent, inévitablement. On aimerait savoir qui est cet homme au regard péné- trant ? Que font ces enfants réunis autour des lueurs de lampes à pétrole ? Que se passe-t-il au-delà de ces fenêtres et portes desquelles émanent des lumières teintées ? Puis nous oublions ces questions et nous laissons gagner par cette nuit, qui, désormais parée des couleurs que la photographe assemble comme une toile abstraite, nous entoure.
Osvalde Lewat incite à vagabonder, en confiance, dans cette nuit où le noir joue avec la moindre parcelle de lumière et de couleur.
Elle invite à rencontrer ses habitants. A laisser entrer en nous cette lumière et à nous laisser gagner par cette nuit africaine.