Expositions du 12/05/2006 au 22/07/2006 Terminé
Galerie Hors Sol 4, rue Chérubini 75002 Paris France
« La photographie sans cesse revient à la lancinante question de ce qu'elle montre et de ce qu'elle dérobe »
Bernard Lamarche-Vadel
Né à Paris en 1953, compagnon de route du groupe Bazooka fondé par Kiki et Loulou Picasso, Romain Slocombe est passé par la BD et s'est fait connaître avec un premier album de bondage, Prisonnière de l'Armée rouge, qui fit scandale. En bandant des femmes - hier étudiantes japonaises, aujourd'hui de la bourgeoisie française - l'artiste développe une esthétique du séisme et de l'accident dont J.G. Ballard s'est fait l'écrivain culte.
En choisissant ses modèles dans une société ultracodifiée, Romain répond à la contrainte par l'élaboration d'une autre contrainte. Il semble que les jeunes femmes des quartiers chics de Paris incarnent aujourd'hui aux yeux de Romain Slocombe, cette même imminence de la disparition.
Derrière ces photos, Romain Slocombe manipule les symboles, contes et fantasmes, que le spectateur, inquiet et fasciné perçoit confusément. C'est sur ce fil ténu mais tendu que les photographies basculent d'une perversité (extra)ordinaire vers une pratique artistique. Car la question vraie que pose ce travail est non pas pourquoi ces femmes acceptent de poser ? De quoi Romain Slocombe se protège-t-il en photographiant ces femmes ? Mais qu'est-ce qui fait que nous sommes en face d'une pratique artistique et non uniquement d'un loisir fétichiste ?
Romain Slocombe nous place face à l'incompréhension de l'objet photographique et à l'ambiguïté de son statut.
L'exposition présente deux séries de photographies couleur :
Avec Clara et Célia, Romain Slocombe explore un nouvel univers. Tout aussi codé que le Japon, l'univers de Neuilly, sa bourgeoisie feutrée et ses jeunes femmes de bon ton, offre à l'artiste de nouveaux territoires.
Portant le plâtre comme on porte l'enfant, ces femmes européennes au corps moins graphique que celui des japonaises, incarnant de troubles madones blessées nous ramènent aux origines de la peinture. Le plâtre se fait là encore métaphore d'un monde déliquescent et confiné, condamné à disparaître.
Dans Tokyo Blue l'errance de Romain Slocombe prend soudain un aspect plus rêveur. Une lumière bleue et vaporeuse enrobe et isole les jeunes femmes. Comme si l'artiste décidait de rester dorénavant à distance de son modèle. L'exposition est également l'occasion de la publication d'un ouvrage de bibliophilie : Medical Love, impression sérigraphiée imprimée à 100 exemplaires.
« Photography ever returns to the nagging question of what to show and what to hide »,
Bernard Lamarche-VadelGalerie Hors Sol 4, rue Chérubini 75002 Paris France