Jeudi 11 Juin 2015 11:58:25 par Louis Royer dans Expositions

La presse écrite est un sujet qui passionne tous les intellectuels. Sa disparition est régulièrement annoncée depuis 10 ans pour des raisons économiques ou pour laisser la place à une presse sur la toile. Il en est de même du « livre ».
Tous deux sont des « objets » qui séduisent l’amateur de papier, dans sa beauté ou sa plasticité ; le journal par son « caractère », ses « titres », ses « colonnes », son format, ses piles, son tirage, sa direction, sa politique, son obédience.

© Karl Waldmann

Le livre aussi en attire plus d’un par sa beauté, par sa présence sur une table ou rangé dans une bibliothèque. Sa couverture : cartonnée, brillante ou mate, sa décoration, sobriété ou enluminure, image qui attire au premier regard pour ouvrir et pénétrer l’intérieur. Le dos du livre n’est pas non plus à négliger, il permet aux livres de « se produire » à l’œil de celui qui veut bien l’apercevoir, dans ce regard complice qui porte sur le savoir que l’observateur et l’objet, et forcément l’auteur, partagent ensemble.

Journaux et livres sont depuis toujours les complices des plasticiens qui s’en servent comme support ou comme véhicule d’une idée, d’un ressentiment, d’un projet ou comme dénonciation.
La lettre, la typographie, la dureté ou la légèreté de la feuille ou de la couverture, deviennent un tremplin pour une expression plastique ; en conservant ou préservant ce que l’artiste choisit de sauvegarder du « réel » pour se l’approprier subjectivement, pour en devenir le « maître ».
« Le support même, par son apparence première, devient un vecteur de ma propre expression, moi plasticien qui ne veut pas dominer le ‘monde’ mais juste en faire partie pour mieux continuer à le créer, pour le marquer de mon envie de le comprendre, de le sauver, de l’aimer et, un jour, le quitter. »

© Karl Waldmann

Cette exposition est consacrée, au rez-de-chaussée de la galerie, aux œuvres de K. Waldmann, réalisées sur ces supports et nous montre l’importance que l’artiste accordait aux « papiers ».
Un « outsider » radical, dénonçant les dictatures nazies et staliniennes de son époque, plasticien abstrait ou oscillant entre surréalisme, constructivisme, dadaïsme à travers ses collages qui partent tous du livre ou du journal.

Le premier étage, sur un thème identique, présente plusieurs artistes, historiques ou plus contemporains, qui ont épousé le journal ou le livre lors d’une œuvre ou d’une série.