Expositions du 04/07/2006 au 17/09/2006 Terminé
Association du Méjan Place Nina-Berberova 13200 Arles France
Première monographie consacrée à l'artiste suisse, Béatrice Helg. L'exposition présente les temps forts d'une oeuvre internationalement reconnue et célébrée qui se présente sous forme de photographies aux thématiques abstraites qui jouent de la réalité et de l'illusion dans une recherche formelle et chromatique captivante.
L'icône, pour la religion orthodoxe, est une fenêtre ouverte sur l'invisible. Et c'est l'image qui nous vient à l'esprit en contemplant les architectures abstraites de Béatrice Helg, qui vibrent d'un silence d'outre-monde. Devant ce vide actif qui tremble, on reste médusé devant l'art extrêmement conscient, construit et maîtrisé de la photographe, qui ouvre de toutes parts à l'illimité du rêve. Depuis ses premiers travaux, elle a su conjuguer comme personne matière et théâtralité, ou réel et vision : magnifié par la mise en scène de plus en plus audacieuse de ses compositions, et comme en apesanteur dans le rien, le vil métal soumis à la métamorphose se change, dans l'instant de la prise de vue, en vecteur de lumière, ou en épiphanie. On songe d'abord à la peinture : aux rutilances de Gustave Moreau, aux trompe-l'oeil baroques, ou aux abstractions de Rothko ; mais s'ajoutent ensuite à la dimension picturale une mystérieuse profondeur de champ, des arrière-plans vertigineux comme hantés par l'inconnaissable – et à la surface de la vision, ces coulées, au premier plan, de rouille et d'or, qui sont comme des lambeaux de rêve en suspension. Puis surgissent de l'étonnante géométrie des « Esprits froissés » qu'on dirait échappés de la scène de l'inconscient et qui traversent, anges provisoires portés par un courant d'air, l'espace mallarméen du cadre, contrastant, par leur légèreté aérienne, avec l'opaque présence de ces trous noirs dérobés à la physique expérimentale qui, ailleurs encore, semblent décomposer la lumière alentour. Face poétique – face métaphysique : ce sont aussi les deux visages complémentaires du théâtre, dont Béatrice Helg me paraît plus que jamais se rapprocher dans le grandiose « Crépuscule XI » de 2005, pur lieu mental ou scène latente d'où il se pourrait que, sans bruit, vienne de s'éclipser Hamlet… Sylviane DupuisAssociation du Méjan Place Nina-Berberova 13200 Arles France