Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions

Guillaume Collanges Hélène David Cédric Faimali Le collectif Argos regroupe une dizaine de photographes et de rédacteurs qui ont décidé d'unir leurs talents complémentaires pour enquêter sur des événements sociaux, politiques ou écologiques et témoigner des changements du monde. Ses membres allient démarche documentaire et témoignage subjectif, et tentent de trouver de nouvelles relations entre image, texte et sources sonores. Après avoir suivi la campagne présidentielle française en 2001, Argos s'est attaché à un problème planétaire : celui des réfugiés climatiques. Point de départ : une estimation publiée par l'ONU selon laquelle cent cinquante millions de personnes devront émigrer avant la fin du siècle en raison du réchauffement du climat. Photographes et rédacteurs ont donc choisi d'enquêter sur cinq territoires en péril, dont trois sont présentés ici. Sur les bords du lac Tchad, Cédric Faimali et Aude Roux ont rencontré des « pêcheurs en sursis » : autrefois quatrième réserve d'eau douce d'Afrique, le lac a perdu les quatre cinquièmes de sa surface en quarante ans. Ils décrivent les bouleversements entraînés par cette disparition : pêcheurs quittant les rivages pour se réfugier sur les îles ou devenant cultivateurs sur des polders qui ne peuvent assurer leur autonomie alimentaire. Autres effets du réchauffement climatique : outre la montée du niveau des océans, il fragilise les barrières coralliennes qui protègent de l'érosion des vagues certaines îles facilement inondables comme les Maldives où se sont rendus Guillaume Collange et Guy Pierre Chomette. La capitale Malé, entourée d'un mur de protection à la suite d'un raz-de-marée, est aujourd'hui surpeuplée. La construction d'une île artificielle surélevée de deux mètres, Hullaumalé, évitera peut-être à la population un exode massif vers l'Inde ou l'Australie. Bien loin, au nord de la mer de Behring, en Alaska, l'île de Shishmaref subit elle aussi depuis quelques années une érosion accélérée de son rivage dont des pans entiers s'effondrent dans la mer avec les habitations qui s'y trouvent, sous l'effet du dégel du permafrost, cette terre dure gelée en permanence. Hélène David et Guy Pierre Chomette ont vécu avec les Inuits qui habitent cette « peau de chagrin » et qui devront partir d'ici quinze ans et être transférés dans la ville de Nom, plus au sud, ce qui entraînera la disparition de leur mode de vie fondé sur la chasse et la cueillette. Croisant témoignages photographiques et interviews, chaque équipe documente des paysages, des cultures menacés souvent à court terme, témoigne d'une catastrophe naturelle qui, pour la première fois, concerne simultanément les hommes du monde entier. J.-C. F.