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Expositions du 13/05/2006 au 28/05/2006 Terminé
Les Greniers à Sel rue de la Ville 14600 Honfleur France
Le succès de l'abondante oeuvre littéraire de Henry de Monfreid a largement occulté l'oeuvre du photographe qui s'étendit pourtant sur une période bien plus longue que celle de l'écrivain puisqu'elle commença dès son arrivée en Abyssinie en 1911, alors qu'il n'entamera son travail d'écrivain qu'au début des années 30, après son entrevue avec Joseph Kessel. Menées simultanément, l'une comme l'autre se nourrissent directement de sa vie. L'une comme l'autre n'eurent d'autre propos au départ que de faire partager à ses proches, par la correspondance ou par l'image, ses émerveillements, ses aventures, son expérience d'une liberté intransigeante.
Plus de trente ans après sa mort, Guillaume de Monfreid s'attache à faire connaître l'oeuvre photographique de son grand-père, aussi diverse que ses écrits. Elevé dans une famille d'artistes peu conformiste, fils de peintre, Henry de Monfreid est familier de la pratique artistique. Sa boulimie d'action, son tempérament impatient ne l'en éloignent pas mais l'inclinent à des pratiques « légères », rapides et peu contraignantes : l'aquarelle et la photographie plutôt que la peinture à l'huile.
Dès son arrivée en Abyssinie, il entreprend une série systématique de photographies stéréoscopiques sur le pays. Bientôt, alors qu'il écume la mer Rouge à bord des boutres qu'il s'est lui-même construits, afin de faire commerce d'armes, de haschisch ou de perles, il réalise des vues sur plaques de verre qu'il repeint à la main avec des vernis de couleur. Paysages, marines, scènes de la vie à bord sont coloriées sans souci de réalisme, en larges aplats. Si ces vues serviront beaucoup plus tard, à son retour en France, à illustrer ses conférences, il opère sans autre intention immédiate que de capter l'aventure au jour le jour, de transmettre intacte son émotion à travers des images plus contemplatives que documentaires.
Quittant les bords de la mer Rouge à l'approche de la guerre, il suivra comme reporter l'invasion de l'Ethiopie par les troupes de Mussolini. Utilisant le petit format et le Leica, il optera alors pour un style franchement journalistique.
Si Henry de Monfreid recourt aux deux pôles de la pratique photographique, le reportage brut en noir et blanc et un usage plastique de la couleur, c'est que, dans la création aussi, son goÛt pour l'indépendance et la liberté ne s'embarrasse ni des conventions ni des catégories formelles. Il s'adapte à l'imprévu, cet ingrédient qu'il jugeait absolument indispensable à sa raison de vivre. Car son oeuvre, c'est d'abord sa vie qu'il met en scène par l'écriture, la peinture ou la photographie.
J.-C. F.Les Greniers à Sel rue de la Ville 14600 Honfleur France