Expositions du 13/05/2006 au 28/05/2006 Terminé
Les Greniers à Sel rue de la Ville 14600 Honfleur France
Zhuang Xueben a consacré sa vie à documenter les minorités ethniques de l'Est de la Chine, principalement au Si-Kiang et au Tibet chinois. En 1934, le gouvernement du Kuo Ming Tang place le Tibet sous l'autorité d'un bureau spécial. Zhuang, qui a alors trente ans, y part comme correspondant spécial de plusieurs journaux et magazines de Shanghai et y pénètre sous une fausse identité. Il se prend de passion pour les peuples qu'il rencontre, pour leur culture millénaire mais déjà menacée. Par la suite, il n'aura de cesse de revenir dans ces régions, profitant des diverses fonctions et missions officielles qui lui seront confiées, comme celle de photographe attaché à la personne du Panchen Lama ou de directeur d'études ethnographiques. Régulièrement, ses reportages sont publiés par la presse et donnent parfois lieu à des expositions. Au fil des ans, son activité se fait de plus en plus militante en faveur des minorités qu'il photographie mais qu'il contribue aussi à approvisionner en vêtements et en nourriture depuis l'Inde, et sur lesquelles il édite des publications. Certaines de ces minorités sont alors tenues en esclavage comme les Yi dans la ville de Zaujue ou menacées d'extermination par les troupes d'occupation japonaises à partir de 1937. Il continuera ses activités sous le régime communiste jusqu'à ce que, lors de la Révolution culturelle, il soit démis de ses fonctions de directeur d'édition et de membre du bureau de l'Association des photographes chinois sous les accusations, qu'on imagine aisément, d'apologie d'un passé honni. Il sera cependant réhabilité dès 1975 et continuera d'oeuvrer pour la préservation des cultures nationales jusqu'à sa mort en 1984.
Son travail couvre différents aspects de la vie des peuples qu'il a si longtemps fréquentés. Mais c'est dans les portraits que se manifeste particulièrement son talent de conjuguer approche ethnographique et relation individuelle sensible. S'ils recèlent une valeur documentaire précieuse par leur précision et leur rareté (ces populations ont été peu photographiées), ces portraits sont surtout remarquables par la qualité de relation que le photographe a su instaurer avec ses modèles. Leur dignité, la profondeur de leur regard forcent notre admiration en même temps qu'ils traduisent le respect et la fascination qu'éprouvait leur auteur.
J.-C. F.Les Greniers à Sel rue de la Ville 14600 Honfleur France