Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions

La Patagonie, la Terre de Feu, le détroit de Magellan, les Quarantièmes rugissants : des noms qui déclenchent le rêve, suscitent des visions infinies de ciels, de terres et de mer mêlés, des sensations de froid extrême et de vents changeants. C'est par passion pour l'Amérique latine et pour confronter ces représentations à la réalité géographique que Florence Joubert, née à Brest, dans cette autre Finis Terræ, a décidé de parcourir en diverses saisons, avec l'aide de la bourse Chroniques Nomades, cette pointe extrême du continent américain. Elle contemple ces paysages austères de la Patagonie chilienne avec gravité et jubilation : un quasi-désert où les rares implantations humaines sont assiégées par une nature encore sauvage, un bout du monde perdu entre ciel et mer, fait de lambeaux de terre où vinrent s'échouer maints navires dont les épaves parsèment encore les côtes, où furent relégués les prisonniers politiques sous la dictature de Pinochet. Sa route parfois traverse des bourgades qui ne sont pas sans évoquer celles du Far West, avec leurs rues basses et rectilignes qui viennent mourir brusquement dans le désert et où l'idée d'une frontière, d'une conquête du territoire est toujours sensible. Florence Joubert parcourt un monde où se mêlent le rêve (celui qu'elle s'est construit depuis l'enfance) et la réalité d'une terre ingrate, rude comme ses habitants. C'est de cette ambiguïté qu'elle rend compte visuellement par des images où la part documentaire et celle de la chimère, loin de se heurter, se conjuguent pour révéler l'essence d'un paysage démesuré, sans repères d'échelle, baigné d'une lumière irréelle qui semble empruntée à quelque tableau symboliste. Point d'exotisme ici, mais la rencontre d'une solitude absolue du voyageur, même lorsque la nature sauvage laisse un peu la place à la présence humaine. J.-C. F.