Expositions du 13/05/2006 au 28/05/2006 Terminé
Les Greniers à Sel rue de la Ville 14600 Honfleur France
En décidant de se consacrer à la photographie, Cédric Helsly cédait à son goÛt pour les récits, la drôlerie et les mises en scène non réalistes. Ce jeune photographe revendique en effet l'influence de Duane Michals, précurseur de la séquence narrative dans les années 70, aujourd'hui un peu oublié. Pourtant, point de narration à proprement parler dans sa série L'Homme qui marche mais plutôt la répétition systématique d'une situation donnée. Son unique personnage, le Marcheur, est l'archétype du voyageur tel qu'on pouvait le rencontrer jadis au long de nos routes avant qu'il ne cède la place à la version plus sportive du jogger ou du randonneur. Sa silhouette nous est toujours présentée de profil, dans la même attitude volontariste, portant les mêmes vêtements rouges et bleus, éclairée par une continuelle lumière neutre. Seul le cadre de « l'action » change. Encore est-il si peu caractérisé, avec ses herbages vert fluo et ses ciels bleu roi, qu'il est impossible de le situer. Sans repères de temps ni d'espace, nous voici donc confrontés à l'obstination déraisonnable du Marcheur, à son obsession d'aller de l'avant quoi qu'il arrive, sans but perceptible, sans souci des paysages traversés (parfois au sens propre, tel Le Passe-Muraille de Marcel Aymé). De son éternel sérieux, de son schématisme, de la répétition-même, naît un mélange de poésie et d'humour absurde, proche de celui de certains acteurs comiques du cinéma muet américain. Il y a dans cette insistance à aller de la gauche vers la droite comme l'obstination d'une écriture sans objet mais qui ne peut s'arrêter. A moins que, suprême illusion, ce ne soit la toile peinte d'un décor criard et factice qui défile en sens inverse, nous entretenant dans la pathétique illusion qu'il est encore possible de rencontrer un ailleurs.
J.-C. F.Les Greniers à Sel rue de la Ville 14600 Honfleur France