© Franck Girard
Expositions du 6/3/2015 au 11/4/2015 Terminé
La Conserverie - Metz 8 rue de la petite boucherie 57000 Metz France
Franck Girard mène avec la photo et le dessin une activité qui se développe au croisement de l’histoire collective et de la fiction personnelle. Son territoire est celui où la multitude des vies anonymes enfouies dans la mémoire collective serait d’un coup, disponible au travail de la fiction. Cette fiction, au moment même où il la tisse, l’artiste l’infléchit vers une cosmogonie personnelle qui nous propose une herméneutique du monde.La Conserverie - Metz 8 rue de la petite boucherie 57000 Metz France
Dans cette quête de l’énigme des choses et des êtres, il passe par des activités relevant de la collecte, de la classification et de la transcription. Il dessine d’après ce que lui suggèrent les photos. Ensuite, il élabore un ensemble de signes qui fonctionnent comme des équivalents géométriques des scènes, des personnages et paysages qu’elles nous donnent à voir. Enfin, il retravaille les photographies au dessin. Ainsi, il va créer un ensemble de figures, de formes et de structures qui sur un mode poétique fonctionne comme autant d’interfaces entre réel et fiction.
Ses photos et dessins combinent des éléments relevant tant d’une narration sans histoire que d’une architectonique de l’univers. Faisant appel à des jeux d’associations et d’écarts entre images et dessin, il fait émerger des espaces et des rapports qui viennent perturber l’ordre apparent des choses. Arpenteur de vies et de moments anonymes passés, il configure des territoires ou la vie redevient fiction et la fiction vraisemblable.
Franck Girard pratique délibérément un amalgame entre la poétique, l’analytique, l’archéologique et le biographique. Ses œuvres campent entre études et rêveries, indices et énigmes. Ses «mémoires fabriquées» ont une force d’attraction qui surgit par effraction, sans qu’on s’y attende. Cela vient de ce sentiment d’étrange familiarité qu’elles suscitent. Elles mettent à jour les limbes de nos mémoires, provoquant la rémanence de quelques souvenirs personnels sans que jamais nous puissions vraiment les identifier.
Son monde est un labyrinthe où ont été dispersés, signes, vies et choses. Nous sommes écartelés entre remémoration et déchiffrement. La fiction semble ici convoquer quelques fragments de nos vies antérieures pour les disperser dans l’imaginaire d’un monde réinventé.
Philippe Cyroulnik
© Franck Girard
«Album » met en jeu les éléments d’une cosmogonie crédule et intuitive. Un ordre, une généalogie intime s’improvise entre des images choisies et placées dans un temps et un espace désorientés par la dynamique des rapprochements et des écarts.
Un dévoilement s’opère où l’on est renvoyé en arrière dans une appropriation, une redéfinition d’un passé, d’une histoire arrivée à d’autres. Une mémoire prend forme et construit ses figures, son écriture par condensation et déplacement ou par métaphore mêlant incessamment, le vrai et le faux, l’exactitude et la fable dans une arborescence de signes et d’images.
C’est tout ce tressage qui donne à cette « mémoire fabriquée » sa consistance autant que ses pouvoirs de résonance. Une telle mise en œuvre coïncide avec l’intégration du passé dans le présent qu’elle rend contemporain dans l’image. Le temps se déroule à rebours et place le passé dans une temporalité non figée, non close où il s’agit moins du temps de la mémoire que de la remémoration.
Franck Girard