© Richard Ballarian
Expositions du 4/3/2015 au 28/3/2015 Terminé
Mairie du 10eme-Paris 72, rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris France
Du 4 au 28 mars, le photographe Richard Ballarian expose à la bibliothèque de la mairie du Xe arrondissement de Paris, une sélection d’argentiques et de Polaroid évoquant l’expression urbaine des années 70 à nos jours à travers les grandes manifestations populaires et l’art de la rue. Un sujet qui entre en résonance avec l’actualité et la proximité de la place de la République. Mairie du 10eme-Paris 72, rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris France
Manifestations, foules solidaires et solitaires
Célèbre photographe de mode américain Richard Ballarian a commencé sa carrière en tant que reporter dans la Marine, lors de son service militaire. Passionné par le photoreportage, il s’inscrit à l’Art Center School de Los Angeles en photojournalisme. Des années plus tard, installé à Paris, il se plaît à sortir des studios de shooting des grandes maisons de couture pour se confronter à la réalité de la rue. Aussitôt, le spectateur est placé au cœur de l’action. Muni de son Minolta, le photographe se mêle à la foule pour en saisir les pulsions. En alerte, il observe, scrute, dévisage et surprend des attitudes fortuites. Des figures émergent, s’extraient de la masse jusqu’à en devenir parfois des portraits emblématiques, tels cet adolescent arborant le symbole Peace and Love sur la joue, lors de la protestation contre la guerre en Irak de 2003, ou cet homme à l’allure aristocratique venu fêter le bicentenaire de la Révolution, le 14 juillet 1989. De nombreux clichés sont également pris de son appartement de la rue de Rennes. Perché au cinquième étage, l’artiste est aux premières loges pour capter les véhémentes manifestations étudiantes de mars 1976. À l’instar du peintre Claude Monet qui, du balcon de son ami le photographe Nadar, peint la foule du boulevard des Capucines, Richard Ballarian saisit la scène en plongée. Il crée une distance 2 entre lui et la foule. Les manifestants, êtres anonymes et lointains, sont saisis parfois dans leur multitude ne formant qu’un ensemble avançant au rythme de leur revendication, parfois surpris dans leur unicité (Après la Manifestation ou Manifestation, rue de Rennes), êtres isolés, perdus dans une fin de cortège délitée. La grande et belle communion est éphémère.
© Richard Ballarian
Témoin de l’indicible – Urban Man
L’artiste choisit d’évoquer l’inexprimable, l’ineffable. Il extirpe de la foule l’individu, seul, unique, le dépouille de son enveloppe, se concentre sur son essence en ne retenant que sa silhouette désincarnée qui déambule dans une cité dématérialisée. Âme errante, c’est au public de construire son histoire, son passé, son devenir. Ses personnages évoquent la solitude des grandes villes et les écrits d’Alfred Döblin, de John Dos Passos ou de Robert Musil. Cette série est le résultat d’un long processus de recherches chimiques dans sa chambre noire: « L’expérimentation prend une grande part dans le travail et je crois que mes études de physique ont développé chez moi un amour de cette recherche. » Le hasard, la prise de risque, l’aventure, l’incertitude s’immiscent dans le processus créateur. Des roses pâles, des verts tendres, des beiges et du marron sépia viennent sublimer le noir et blanc. Autant d’expériences qui témoignent de sa quête perpétuelle de nouveauté. Richard Ballarian signe de véritables tableaux photographiques d’une grande sensibilité où science et grâce s’allient pour nous livrer un art raffiné.
Graffitis
En contrepoint de ses recherches esthétiques poussées sur le développement de l’argentique, Richard Ballarian exploite la nature spontanée et unique du Polaroid. Cette exposition révèle pour la première fois une série de clichés dédiés aux graffitis. Le temps d’une promenade dans Belleville il fixe l’expression du grapheur «Océan». Il immortalise avec un Polaroid des graffitis, expression artistique d’un temps, d’une époque, vouée à la destruction. Il abandonne le noir et blanc afin de saisir toute l’intensité et la vivacité d’une pensée qui animent les murs de nos villes. Des œuvres uniques qui nous transportent dans un univers joyeux, haut en couleur et emprunt de poésie. Le photographe ne se veut pas seulement témoin direct d’une scène tel qu’il aurait pu le faire dans le cadre d’un reportage, mais place son travail dans le registre de la photographie artistique.