© Pierre Jamet
Expositions du 27/3/2015 au 23/5/2015 Terminé
Galerie David Guiraud 5 rue du Perche F-75003 Paris France
Suite aux expositions très remarquées des Rencontres d’Arles et du Pavillon Populaire de Montpellier qui incluait un grand nombre de ses photographies, la galerie David Guiraud décide de monter une autre rétrospective sur le travail de Pierre Jamet (1910-2000) pour que les parisiens puissent à leur tour découvrir son oeuvre.Galerie David Guiraud 5 rue du Perche F-75003 Paris France
La galerie exposera une quarantaine d’épreuves sélectionnées, avec l’aide de sa fille, Corinne Jamet, dans toute l’oeuvre de l’artiste et proposera aux amateurs et collectionneurs des tirages digitaux numérotés ainsi qu’un petit ensemble de tirages argentiques, uniques et d’époque.
Un photographe humaniste
C’est en 1924, à Copenhague que Pierre Jamet, âgé de 14 ans, achète son premier appareil photo, un « ICA 6x6 ». Dès les années 30, il s’équipe d’un Rolleiflex, d’un matériel portatif d’éclairage et gagne sa vie en réalisant des reportages pour le magazine « Regards » qui emploie à l’époque Capa, Chim et Cartier-Bresson.
Proche de Doisneau et de Willy Ronis, il occupe une place particulière dans la photographie humaniste et exprime dans ses photos le bonheur des étés au bord de la mer, la beauté de la femme, l’enthousiasme de la jeunesse sous le Front Populaire, la Libération de Paris ainsi que les années dorées de l’après-guerre… Les photographies de Pierre Jamet ont un caractère universel. Elles ont la clarté et la fraîcheur de l’espoir des années d’avant-guerre, puis de la paix retrouvée.
Dina Vierny
En devenant membre, en 1935, de la chorale de l’Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires (l’A.E.A.R.), Pierre Jamet se lie d’amitié avec Dina Vierny (qui s’appelait alors Dina Aibinder) et rencontre le poète Jacques Prévert, pilier du Groupe Octobre, section théâtrale de l’A.E.A.R.
Dina, future fondatrice du Musée Maillol à Paris, est à cette époque déjà modèle pour le sculpteur. Elle fête avec Pierre Jamet la victoire du Front Populaire en 1936 et s’engage avec lui dans la formidable aventure des Auberges de Jeunesse. Les photos de Pierre Jamet révèlent beaucoup de la personnalité de Dina et de ce qui a fasciné Maillol et les autres artistes pour qui elle a posé. Chaque photographie exprime la joie, l’énergie, le charme et la force vitale qui émane d’elle.
Les Auberges de Jeunesse
Avec l’avènement du Front Populaire en 1936 et sous l’impulsion du Ministre de la Jeunesse, Léo Lagrange, le mouvement des Auberges de Jeunesse connaît en France un grand essor. Pierre Jamet adhère en 1937, au Comité Laïque des Auberges de Jeunesse (C.L.A.J.) qui permet aux jeunes de bénéficier des premiers congés payés et de voyager à des prix modestes afin de se rencontrer dans des lieux économiques, écologiques et mixtes. Très actif au sein du C.L.A.J., Pierre Jamet recrute une vingtaine de jeunes chanteurs et danseurs et crée le « Groupe 18 ans » qui aura du succès jusqu’à la guerre et dont faisait parti Dina et son futur mari Sacha Vierny.
Pierre Jamet réalise alors des clichés spontanés, simples, sains, toniques, parfaitement en phase avec ses propres aspirations et avec les valeurs du Front Populaire dont il est un témoin majeur. Constituants une ode à la vie, ils font transparaître ce que François Maspero appelle la « fraternité de masse ».
Belle Ile en Mer
C’est en 1929 que Pierre Jamet effectue son premier séjour à Belle Ile en Mer et qu’il en tombe aussitôt amoureux. De 1930 à 1939, il est moniteur, puis directeur d’une colonie de vacance implantée à Grand Village. C’est la qu’il photographie les pensionnaires Daniel Filipacchi, Marcel Mouloudji ou Dina Vierny et toute la joie de vivre des auberges de jeunesse. En 1945, il fait l’acquisition d’une maison à Belle-Ile qui sera son port d’attache et sa retraite. Les photographies qu’il réalise sur place tout au long de sa vie racontent avec humanité la vie des paysans et des marins mais aussi les plaisirs de la plage et du soleil.
Les Quatre Barbus
Mobilisé en 1939, il doit mettre un terme à ses activités dans les auberges. En 1943, il entame une carrière de chanteur avec le groupe « Les Quatre Barbus » qui lui permettra de voyager autour du monde et de connaître un succès constant jusqu’aux années 70. Ne délaissant jamais la photographie, son travail se poursuit et s’enrichit des fréquents voyages et des nombreuses rencontres occasionnées par son activité musicale.
© Pierre Jamet
Biographie
Pierre Jamet (1910-2000)
Dès l'enfance, Pierre Jamet a eu deux passions : la chanson, qui deviendra après la seconde guerre son activité rémunératrice et la photographie qui restera son hobby tout au long de sa vie.
Au tout début des années 30, autodidacte consciencieux, c'est à l'aide des livres qu'il apprend la technique photographique et dans sa salle de bain qu'il organise son premier labo. Plus tard, il s'installera un atelier plus spacieux dans le quartier Montparnasse.
Dans la décennie d'avant-guerre, bien que matériellement difficile, la vie de Pierre Jamet est remplie d'activités variées : radio de bord dans la marine marchande, danseur dans la compagnie de ballets de Hans Weidt, chanteur dans la chorale de l'A.E.A.R (Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires), directeur d'une colonie de vacances à Belle Île en Mer et, dès 1937, participant actif du mouvement des Auberges de jeunesse qui connaît, sous le Front populaire, un essor important. Sa vie se stabilisera après-guerre lorsqu'il deviendra un des membres du quatuor vocal « Les Quatre Barbus ».
Tout au long de son parcours éclectique, au fil de ses déplacements, de ses rencontres, de ses amitiés, souvent mêlé aux événements politiques marquants du XXème siècle, Pierre Jamet a photographié en toute liberté pour « prolonger l'éphémère et sauver l'instant ». Les lieux, mais le plus souvent les hommes, sur lesquels il a toujours porté un regard chaleureux et empathique. Pudique aussi car, comme il l'a confié à diverses reprises, il a toujours éprouvé beaucoup de retenue à « prendre » une photographie de personnes dans la difficulté et la souffrance. Une des conséquences de cette approche est que de ses photos se dégage une incontestable joie de vivre, même si elle est parfois voilée d'une poétique nostalgie.
Si l'important travail que Pierre Jamet a ainsi réalisé le classe, sans conteste, dans la catégorie des photographes humanistes, c'est probablement sa pratique libre, « non professionnelle » qui donne à son travail un souffle propre et qui lui confère son originalité.
Homme du doute, rempli de modestie et d'humilité vis à vis de sa production photographique, Pierre Jamet n'a pas cherché, de son vivant, à la faire connaître au-delà d'un cercle familial et amical.
C'est grâce à l'inventaire et à la diffusion réalisée depuis 2009 par sa fille Corinne que cette production est peu à peu portée à la connaissance du public qui réserve aux photos un accueil particulièrement chaleureux.
Plusieurs expositions présentées en France et à l'étranger depuis 2009 et notamment en 2013 ont apporté enfin à ce photographe discret une reconnaissance nationale et internationale bien méritée.
© Pierre Jamet