© Mark Lewis
L’œuvre de ce cinéaste canadien (né en 1958) fait dialoguer cinéma, photographie et peinture. Ses plans-séquences courts et silencieux, comme les premiers films des frères Lumière, opèrent par prélèvement d'un fragment de réel, dans une même unité de temps, d'espace et d'action.
Tout ce qui surgit au fil des images obéit au cours aléatoire de la vie. Mark Lewis privilégie ainsi l'irruption de l'accident à la narration construite, l'incursion dans un déroulement imprévisible à la reconstitution d'une scène.
Sont particulièrement scrutés les moments de pause ou de transition, les micro-événements et les gestes infimes du quotidien. De ce théâtre familier, ils révèlent les tensions intérieures mais aussi la part d'énigme. Le rythme lent du film accentue cette sensation de mystère, d'étrangeté qui naît de l'attention extrême portée aux choses.
Concentrer notre regard, le ralentir, qu'il devienne à la fois flottant et inquisiteur est pour Mark Lewis le moyen le plus sûr de nous rendre sensibles à la poésie du rien et conscients de l'enjeu du tout. Ces petits détails sous-tendent-ils une mécanique plus globale? De quels espaces géographique, social ou politique ces bribes de réel témoignent-elles? De quelles ruptures sont-elles les indices? Que ce soit dans le surplomb ou l'infiniment petit, le temps immuable ou transitoire, il importe avant tout ici de contempler les vestiges de nos utopies modernes.
© Mark Lewis
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