© Quentin Shih - The stranger in the glass box n°19
Expositions du 6/2/2015 au 8/3/2015 Terminé
Galerie Claude Samuel 69 avenue Daumesnil 75012 Paris France
Shi Xiaofan, ou Quentin Shih, est né et a grandi à Tianjin, une ville de la Chine rurale caractérisée par ses usines et ses rues vides. Pour le projet Dior, il est allé à Paris photographier les mannequins du défilé haute couture de l’hiver 2008. Fidèle à son style qui a fait de lui un artiste adulé par les médias et la publicité, ses photographies ont fait l'objet d'une production et d'un montage complexes. Des paysages et des personnages chinois ont été incrustés dans ses photos prises à Paris. Ces éléments asiatiques viennent "perturber" l'environnement luxueux des mannequins, littéralement enfermés dans une boîte de verre.Galerie Claude Samuel 69 avenue Daumesnil 75012 Paris France
Pour les Chinois des provinces, Dior reste quelque chose de très lointain. En dehors des habitants de Beijing et de Shanghai, pour la grande majorité du peuple, les mannequins sont des êtres mystérieux, inaccessibles, occidentalisés.
http://www.quentinshih.com/" dit avoir "voulu faire entrer brusquement dans la vie populaire chinoise des choses qui en sont très éloignées". Des représentants de la société chinoise, habillés de vêtements typiques des années 70 et 80, sont donc incorporés dans les photos à proximité des mannequins Dior.
La couleur délavée des photographies fait paraître ces images sans âge. Quentin Shih se projette ainsi dans le futur " Peut être que lorsque j'aurai 70 ans, la Chine restera toujours dans mon coeur celle que j'ai connue à l'âge de 10 ans. C'est la raison pour laquelle la couleur est peut être un peu délavée, comme dans les films."
En tout, l’artiste a réalisé une série de 20 photos. Chacune met en scène un type de personnages de la société chinoise : des écolières en uniformes, des facteurs à vélo, des personnes âgées dans des marchés déserts... Cette typologie est constituée d'images trouvées sur internet et de photos réalisées dans des villes comme Shan Xi ou Tang Shan, prototypes de cités industrielles.
Des mannequins chinois ont été recrutés sur place et photographiés dans ces tenues quotidiennes. L'uniforme vert du facteur, le groupe de fillettes aux nattes et aux lèvres rouges, toutes ces allures de "clones" évoquent l'uniformité apparente des Chinois d'avant, suggérant par la même, en filigrane, le malaise de toute une population. " Je veux restituer la Chine que j'ai connue lorsque j'étais enfant", explique l'artiste.
Quentin Shih apprécie particulièrement le travail en équipe indispensable à la réalisation de ce type de projet ambitieux. C'est aussi une méthode de travail qui le rapproche d'un couturier comme John Galliano, qui ne peut avancer qu'avec le savoir- faire des ateliers Dior. La vingtaine de robes photographiées témoignent de l'excellence des techniques développées dans ces ateliers. Mais elles marquent aussi une étape décisive dans l'évolution du style Dior. John Galliano a été acclamé par la presse pour cette collection de l'hiver 2008. Suzy Menkes*, célèbre critique de mode, a déclaré : " Il était temps pour Galliano de passer de la haute fantaisie à la haute couture, il semble que l'esprit du défilé automne-hiver se traduise par la nécessité s'habiller une belle femme moderne moulée dans des vêtements avec des coupes incisives, avec une charge sexuelle sous-jacente."
Ces créations, inspirées d'une relecture des photos de Lisa Fonssagrives posant en Dior dans les années 50 devant l'objectif d'Irving Penn, sculptent en souplesse la silhouette des femmes selon des canons esthétiques résolument contemporains.
*Suzy Menkes, IHT, 30 juin 2008