© EMILIA STEFANI-LAW
Expositions du 28/1/2015 au 22/3/2015 Terminé
Contretype, Bruxelles 4A, Cité Fontainas 1060 Bruxelles Belgique
EMILIA STEFANI-LAW est née à Paris en 1979. Diplômée en photographie de l’Ecole supérieure des Arts visuels «Le Septante-cinq» (à Bruxelles), elle a, après avoir exercé divers boulots dans la photographie ou en marge de celle-ci, entrepris depuis cinq ans des voyages de plus en plus réguliers vers l’Amérique du Nord – allers et retours dont témoignait déjà le volume double White Days/Le Refuge (là-bas et ici, ou du moins ce qu’on en fait dans sa tête) publié il y a un an aux éditions Yellow Now.Contretype, Bruxelles 4A, Cité Fontainas 1060 Bruxelles Belgique
Exposée déjà en Belgique, notamment dans la Salle de bains de Contretype qui faisait office d’antichambre, adepte d’une photographie intimiste et allusive, atmosphérique même, autobiographique par détours et par petites touches, Emilia Stéfani-Law a choisi d’intituler sa nouvelle série en construction «LA MUE». Faut-il y voir un tournant, une révolution, une peau qui se tourne? Plus probablement un élan, la prise en compte progressive, plus franche et plus frontale d’autrui,
de l’extériorité et de l’altérité, qui succèdent (mais aussi s’allient) à un monde d’abord vécu comme projection et comme représentation.
Un peu moins de rose, entouré d’un peu moins de gris, mais aussi de moins de solitude.
D’inextricables surfaces végétales où les chemins poudroient et se perdent plutôt qu’ils ne se tracent…
Des visages, d’enfants ou de jeunes gens le plus souvent, dont on ne sait s’ils sont saisis au moment de construire leur image ou de la laisser s’échapper, s’ils posent ou s’ils basculent, et qui ont l’air d’hésiter entre des attitudes et des humeurs flottantes.
De grands aplats de lumière où il faut se rapprocher pour scruter la nuance et la matière, comme une peau solitaire et craignant le froid, qui pourtant, presque imperceptiblement, s’anime et frémit.
De timides percées vers la mythologie des grands espaces américains sous la lueur douce et fanée du polaroid; l’allusion à un autre monde fait de nouvelles rencontres, à de nouveaux chapitres dans une histoire sans début ni fin.
Et puis la douceur, encore et toujours, encore et malgré tout, inlassablement. Celle du toucher, du regard au moment de faire face, du verbe au moment pourtant délicat de tourner le dos.
Si toute photographie est une mue – le décollement d’une couche de réel par la grâce neuve d’une sensibilité –, peut-être faudra-t-il considérer en retour, et sans amertume, qu’au bout du compte toute mue n’est, elle aussi, qu’une image. De là l’enjeu! Mais là aussi la fragilité, la beauté…
Certains photographes photographient pour renforcer leurs certitudes, d’autres pour les remettre en cause ou en question. Peut-être Emilia pratique-t-elle la photographie, quant à elle, pour se protéger et s’affranchir des certitudes d’autrui.
Emmanuel d’Autreppe
Commissaire et éditeur