© Céline Levain
La photographe explique : "J'ai ressenti assez tôt ce sentiment nostalgique du temps qui passe. Adolescente et pas encore armée d'un appareil photo, je m'appliquais à observer en détails les bâtiments inutilisés, ceux qui étaient voués à la destruction, les rues qui devenaient inadaptées et qui devaient être "mises aux normes". Les lieux abandonnés nous fascinent, parce qu'ils sont des jouets utiles pour nos imaginaires et parce qu'ils nous confrontent d'une manière brutale et directe à des changements qui le sont moins, que l'on perçoit à peine avant d'oublier. Ces espaces sont autant de traces de l'évolution de nos façons de vivre. Nous nous déplaçons plus vite, plus loin, nous voulons des infrastructures efficaces et rapides, moins d'embouteillages, plus d'imprévu et il en résulte que le périple ne fait presque plus partie du voyage et que ces lieux de rencontres et d'échanges qui participaient à l'économie locale se retrouvent abandonnés. Ces friches font aussi partie de notre histoire, de notre patrimoine et, à l'heure ou de grandes réformes territoriales s'amorcent, il est intéressant de réfléchir à ce qu'elles disent de notre société, de l'évolution de notre mode de vie et de ces paysages familiers. Je ne voulais pas oublier nos liens avec notre territoire."
© Céline Levain
Ces photographies ont été réalisées à l'aide d'un objectif dit «à bascule», permettant d'effectuer la mise au point seulement sur certaines zones de l'image renforçant le côté «irréel» de celles-ci. Il ne s'agit donc pas ici de retouche numérique mais bien d'un procédé optique qui permet d'obtenir ce flou.
Céline Levain , auteure photographe, vit et travaille dans le Sud-Ouest de la France ; photographe de presse et pour les magazines, elle réalise maintenant des projets plus personnels autour du documentaire et du portrait.