© Alain Longeaud
Expositions du 8/1/2015 au 15/2/2015 Terminé
Maison de la Photographie de Lille 18, rue Frémy 59000 Lille France
Les photographies d’Alain Longeaud font l’effet d’une explosion de mondes parallèles. Appréhendant son travail comme celui d’un peintre à la recherche d’une picturalité de l’image pour un réel plus mystérieux.Maison de la Photographie de Lille 18, rue Frémy 59000 Lille France
Son goût pour des lieux publics vides de toute présence humaine réactive une impression d’univers originel. Nous devenons les arpenteurs de contrées lointaines, visiteurs éblouis ou simples passants virtuels. Notre regard est alors forcé par le photographe qui nous invite à redécouvrir ces lieux autrement. Car Alain Longeaud les sublime, il leur rend cette inquiétante étrangeté et nous dirons même cette beauté convulsive chère à André Breton.
Un mystère, une atmosphère inconnue, insaisissable, vient des univers recréés par ces images.
Ces vues nous semblent irréelles tant les contrastes de couleurs et de luminosité sont montés à leur paroxysme mais elles nous aspirent, nous incitent à entrer dans la photographie, boîte de Pandore qui se refermera en entraînant nos fantasmes.
Ce que retient Alain Longeaud quand il voit un site, c’est son apparente banalité, car la beauté est partout, et surtout là où on ne l’attend pas, dans des endroits insignifiants dans leur quotidienneté. Le spectateur croira sûrement reconnaître ici Brighton, là un paysage italien ou une gare SNCF française, mais toujours des éléments perturbateurs le déroutent, le questionnent pour l’égarer. Souvent, dans ce travail, il y a cette idée de voyage, de départ vers un ailleurs indéfini. Le photographe aime la beauté graphique des rails, la rigueur géométrique des voies de circulation, du tarmac d’un aéroport. Lieux d’échange ou d’attente, leur représentation photographique les métamorphose. S’ils pâtissent de leur banalité, le photographe est habile à montrer leur singularité expressive.
Le choc émotionnel est donné aussi avec les scènes de nuits étoilées qui absorbent une grande partie de l’espace de la photographie. L’infiniment grand trouve sa place dans la composition, et le photographe exerce ici le rôle de démiurge dévolu à l’artiste. Il impose au spectateur une vision par étape, progressive dans sa composition comme pour mieux découvrir et prendre le temps d’apprécier, cet univers étranger et cependant familier qui s’offre à nos yeux.
Clotilde Scordia: “ Ces paysages que la lumière écrase et réduit à leurs lignes de force sont les témoins d’une « lumineuse solitude » que le travail sur la chromie vient renforcer. En défaisant le trop de réalité du paysage, l’artiste n’en révèle que mieux l’essence, la présence ou la vacuité. ”
Texte d'Anne Brandebourg