© Farida Hamak
Expositions du 19/12/2014 au 28/2/2015 Terminé
Parc-musée de la Mine 3, bd Franchet d'Esperey 42000 SAINT-ETIENNE France
Biographie de Farida HamakParc-musée de la Mine 3, bd Franchet d'Esperey 42000 SAINT-ETIENNE France
En 2011, Farida Hamak s’installe à Lyon, et intègre la direction artistique de la galerie Regard Sud, tout en continuant son travail de photographe d’auteur.
Elle a six ans lorsque ses parents quittent l’Algérie pour la France.
Après avoir débuté des études littéraires à la Sorbonne, elle part en voyage.
À Singapour elle achète un appareil de photographie. En 1977, premier retour en Algérie, elle photographie tout. Ce sera son métier. Elle entre comme reporter de guerre à l’agence Viva en 1980. Alors qu’elle vit entre Damas et Beyrouth, ses images sur la guerre civile libanaise sont publiées dans un livre collectif, Paix en Galilée, Beyrouth (éditions de Minuit, 1982). Elle collabore avec l’agence Sipa Press avant d’arrêter la photo d’actualité en 1990 pour devenir rédactrice en chef de mode du bureau parisien d’Al Khaleejiah-France, le premier groupe de presse du Moyen-Orient.
C’est cette double pratique de la photographie (capter les images de guerre et celles de la beauté) qui, dorénavant, fait la singularité du travail d’auteure de Farida Hamak. Elle réalise un livre (2004) puis un film (2005), Ma mère, Histoire d’Une immigration, qui remporte de nombreux prix. Puis elle passe de longs mois sur les rives et dans la vallée du Jourdain pour en retracer l’histoire mouvementée dans un livre, Au détour du Jourdain (2007). Avec les femmes immigrées de Chalon-sur-Saône, elle réalise Sans détour (2009).
MINEURS, ICI.
Mineur, Minero, Minatore, Gornik, Anthrachoryhos…, ces quelques mots pourraient figurer en sous-titre de cette série d’entretiens, de portraits et de paysages réalisés dans le bassin de la Loire par la photographe Farida Hamak. Mais ce ne sont que des indices ; une petite musique des langues qui ne prétend à aucune étude historique, sociologique ou anthropologique sur la corporation des mineurs.
Ce projet veut faire entendre des voix. Celles de familles d’origine française, espagnole, italienne, polonaise, grecque, algérienne, installées dans cette région pour vivre, travailler et mourir.
Dans les entretiens, l’importance du groupe, du corps, du collectif, efface celle de l’individu.
Avec ces portraits, ce ne sont plus les gueules noires anonymes qui remontent au jour, mais des femmes et des hommes qui se laissent photographier par Farida Hamak – une femme dont la famille a connu, elle aussi, l’exil – chez eux, dans leur intimité.
C’est en suivant la première ligne de chemin de fer français construite dès 1826 pour relier les sites miniers et industriels du bassin stéphanois, qui dessert les gares de Rive-de-Gier, de Saint-Chamond, de Saint-Etienne, de La Ricamarie, du Chambon-Feugerolles et de Firminy, que la photographe va à la rencontre de vieux mineurs et sidérurgistes, de leurs femmes, filles et fils. Autant de stations qui rythment cette exposition où sont rassemblés vingt-quatre témoins, sur trois générations.
Avec une sobriété et un cadrage précis, elle propose de restaurer une vision “dépaysée” du paysage contemporain, vision ni idyllique, ni trop crue, peut-être tout simplement réaliste. Pour cela, elle choisit un point de vue frontal où le motif minéral occupe largement le cadre. Si le sujet reste identifiable, il peut aussi se présenter comme une abstraction, une forme chargée d’intensité dont la fonction est de ranimer la mémoire. Les plans larges ne sont là que pour attester que l’on n’y voit rien ou presque rien. Seul un mineur peut dire : ici se tenait droit le chevalement, ici le puits des Combes et, là, le remblai, etc. Dans le flux des représentations de la mine tout au long de son histoire, où se situe le lieu de la mémoire ? La chose photographiée, placée devant l’objectif “a été là”. Oui. Et, Roland Barthes d’ajouter : “Les photos sont des signes qui ne prennent pas bien, qui tournent comme du lait. Quoi qu’elle donne à voir et quelle que soit sa manière, une photo est toujours invisible : ce n’est pas elle que l’on voit.”
-Extrait de l'ouvrage Mineurs, ici. Texte de Frédérique Chapuis
Mineurs, ici 2014 / Terril Saint-Pierre, La Ricamarie © Farida Hamak
Mineurs, ici 2014 / Sainte-Barbe, Saint-Etienne 2013 © Farida Hamak
Mineurs, ici 2014 / Ancienne usine Akers, Fraisses © Farida Hamak