Isidore, onze ans, suit les cours de son précepteur. Il est deux heures moins le quart. Comme chaque jour, avec une précision d'horloge, l'homme entame sa sieste.
Isidore en profite pour quitter sa table de travail et se glisser hors de la maison.
Il se souvient des recommandations de sa mère : «Ne dérange en aucun cas ton père et ton oncle lorsqu'ils sont dans leur atelier.» Puis il les oublie aussitôt.
Juste derrière le portail, dans l'atelier dont les fenêtres donnent sur la basse-cour, Isidore voit des ombres s'agiter.
«Autant de secrets qui m'échappent», se désole le garçon, mais difficile de s'avancer sans risquer de se faire voir.
Avec Claude, son frère aîné, Nicéphore Niépce a commencé par mettre au point un moteur à explosion, le Pyréolophore. Puis ils ont tenté de perfectionner les grandes eaux de Versailles, la culture de l'indigo, la lithographie... Mais le projet qui tient le plus à coeur à Nicéphore, c'est une boîte, inventée au IVe siècle avant Jésus-Christ, qu'on appelle la «caméra obscura». A l'aide de la science, de la chimie et du soleil, il est en train d'inventer ce qui ne porte pas encore le nom de photographie. Le monde n'en sait rien encore. Mais Clarisse, la fille des domestiques de la maison, elle, est dans la confidence...
Thibaud Guyon aime faire découvrir des lieux, des paysages, des époques, des thèmes qu'il rencontre dans le cadre de son travail lié au patrimoine. Intéressé par l'histoire, il est en quête de traces du passé à travers des gravures ou des photos anciennes, terrains de rêverie pour les livres qu'il imagine. Thibaud Guyon aime avant tout créer des images qui sont autant d'invitations au voyage. Né en 1971, il est diplômé des Arts décoratifs de Strasbourg, vit et travaille dans la région lyonnaise. Il est également l'auteur de trois autres albums parus chez Lo Païs d'enfance/Le Rocher : Sur le bord de la mer Rouge (texte Patrick Joquel), Ganac (texte François Beiger), Dans la mémoire du vent (texte Patrick Joquel).