Amateur anonyme, Sans titre, Instamatic Kodak, vers 1970 © Coll. Part.
Expositions du 18/11/2014 au 25/1/2015 Terminé
Maison Européenne de la Photographie 5, 7 Rue de Fourcy 75004 Paris France
Les images photographiques, qui nous sont tellement familières, passent pour immédiatement intelligibles. Et pourtant, la plupart d’entre elles provoquent un bref étonnement ou une perplexité qui perdure, et le sentiment que nous sommes devant une interrogation plutôt qu’une évidence. En prenant appui sur une collecte personnelle d’images de toute époque glanées au fil des ans, d’anonymes, d’inconnus, d’auteurs oubliés ou d’amateurs, d’images de presse, qui échappent à la classification, à l’esthétique et à la muséification, Michel Frizot, historien de la photographie, exerce un regard qui va à rebours des critères de l’histoire, de l’art et de l’excellence. Toute photographie fait énigme pour le regard : car l’énigme est constitutive du fait photographique en soi.Maison Européenne de la Photographie 5, 7 Rue de Fourcy 75004 Paris France
Réunion de modélistes, photo de presse, vers 1930
© Coll.Part
Elle résulte de la distance entre la vision naturelle, biologique, et la captation photosensible d’un appareil, entre la perception humaine et l’enregistrement photographique. Les modalités de la saisie, les intentions du photographe, les réactions et implications multiples du « photographié » creusent cet écart, et font apparaître des formes nouvelles aussi bien que des exigences perceptives propres à la photographie. Une collecte de regards, une collecte par le regard : celui du photographe qui souvent élabore visuellemet et mentalement son image avant de la concrétiser par le déclenchement, celui des photographiés, qui pointe dans le face-à-face de l’image, celui du regardeur-sélecteur, qui élit telle ou telle image ; et tous les regards ultérieurs qui interprètent, restituent, imaginent, à partir des éléments signifiants qu’ils détectent. C’est le regardeur qui suscite de l’énigme, qui maintient en suspens l’irrésolution de son questionnement. Les photographies, par le dépassement de nos capacités visuelles, et le débordement de nos intuitions, provoquent aussi l’empathie, l’émotion et le besoin de projeter des préoccupations personnelles.
Vers 1900, (d’une vue stéréoscopique),
Underwood and Underwood.
© Coll. Part.
Amateur anonyme, vers 1935.
© Coll. Part.