© Michael von Graffenried, Courtesy Galerie Esther Woerdehoff
Expositions du 5/11/2014 au 20/12/2014 Terminé
Galerie Esther Woerdehoff 36 rue Falguière 75015 Paris France
Dans le cadre du Mois de la Photo OFF, la Galerie Esther Woerdehoff est heureuse de présenter la série Bierfest du photographe Michael von Graffenried.Galerie Esther Woerdehoff 36 rue Falguière 75015 Paris France
“Quel est le visage de l’intimité aujourd’hui? La trouve-t-on dans l’espace privé, dans la sphère close? Ou plutôt sur internet, plus précisément ses réseaux sociaux, ces zones mixtes de l’espace public et de l’espace privé qui invitent les usagers à rendre public, en flot continu, leurs choses les plus intimes, sentiments personnels, petits évènements de leur vie, visites de musée, rencontres, expériences sexuelles, états différents de toute sorte ? Dès que nous posons cette question, le sol semble se dérober sous nos pieds. “Où est l’intimité aujourd’hui ?” constitue une interrogation philosophique et artistique majeure de notre temps.
Et si l’intimité aujourd’hui se donnait à voir, apparaissant en pleine lumière, justement dans certains évènements anciens, portés par une longue tradition historique dont l’apparente répétition du Même cache une véritable révolution, celle d’une intimité contemporaine qui ne trouve sa conscience et son bien-être qu’une fois exhibée ? A ce sujet, le dernier grand travail d’ensemble de Michael von Graffenried, photographe suisse installé à Paris depuis un quart de siècle, lauréat du Erich Salomon-Preis 2010, le prix le plus important de la photographie germanique,
Bierfest, à paraître sous forme de livre photographique chez Steidl parallèlement à l’exposition de cet ensemble à Paris dans le cadre du Mois Off de la Photographie, tire en quelque sorte dans le mille. Le livre d’artiste édité par Steidl ne parle pas de “l’Oktoberfest” de Munich, fête de la
bière et des rassemblements populaires sous des tentes gigantesques, créée en 1810 par la monarchie de Bavière pour mobiliser la population contre la France de Napoléon, qui se tient les quinze jours avant le premier dimanche d’octobre de chaque année et qui est aujourd’hui la plus grande fête alcoolisée du monde.
Dire en Allemagne aujourd’hui que l’artiste a travaillé sur le fameux “Oktoberfest” de Munich serait trop sujet à polémiques. Michael von Graffenried y est allé en 2010 et 2011 sans accréditation, comme à son habitude, comme un simple visiteur, mais soutenu par un programme d’artiste en résidence de la ville de Munich. Travaillant avec un appareil panoramique, à pellicules analogiques – “seul moyen de faire une photographie sincère” -, il fut comme dans ses précédentes séries panoramiques qui ont marqué les esprits, sur la guerre civile en Algérie notamment, le contraire du photographe invisible qui prend des photographies à distance au téléobjectif. L’appareil panoramique oblige ou permet, c’est selon, de s’approcher au plus près des personnes photographiées. Michael von Graffenried prend ainsi ses photographies à une distance d’un mètre environ des personnages, en ne regardant pas à travers le viseur, contrôlant le champ de la photo par sa seule expérience et par le fait que, dans cette pratique, l’appareil posé sur sa poitrine “ne fait qu’un avec le corps du photographe”, selon Hans Ulrich Obrist. Si l’on se trouve à un mètre seulement d’une personne, d’un couple ou d’un groupe, pour réaliser une photographie, on se trouve déjà dans la zone intime des personnages. Ceci constitue la première dimension importante de ce nouveau travail de Michael von Graffenried. Il est le premier depuis longtemps à nous montrer “l’Oktoberfest“ de Munich, devenue la grande fête mondiale de l’intimité, sans aucune censure, mais avec une considération égale pour tout ses personnages.