Miami Beach, années 1960 © DaumanPictures.com / Henri Dauman
« Faites comme chez vous... Mais n'oubliez pas que vous êtes chez moi ! » Henri Dauman
La société de consommation naissante s’épanouit entre l’industrie de l’automobile et ses Mall de plus en plus démesurés. Le portrait que dresse Henri Dauman de l’Amérique apparaît, après coup, comme un monstre bicéphale. Établie dans le confort de l'après-guerre, la petite bourgeoisie new-yorkaise se repose à Miami où d’improbables coiffures viennent couronner des corps cuits et recuits par les rayons du soleil.
Pendant ce temps, dans l’ambiance festive de Greenwich Village, la désinvolture d’une jeunesse décomplexée s'affiche dans les rues de la « Grosse Pomme ».
L’Amérique voit naître ses « teens ». Nouvelle frange de la population, vivante et contestataire, les teenagers trouvent une place entre l’enfant et l’adulte.
Ils définissent leurs propres codes, inventent leur propre langage et leur mode de consommation. Plus tardivement, et pour les besoins d’un reportage dans Life, Henri Dauman va dresser le portrait d'une autre jeunesse : « The Savage Nomads Gang ».
Dans le Bronx des années 1970, les Chicanos apparaissent pour ce qu'ils sont, loin du puritanisme et du conformisme protestant. Ils imposent leur propre contre-culture rejetant les clichés édulcorés de « West Side Story ». Les exclus du modèle américain se font entendre.
La ségrégation et les manifestations pour les droits civiques, les premiers mouvements féministes, la photographie ne peut éviter de rendre compte de ces mutations profondes.
Les possibilités techniques autorisées par l'appareil photographique n’ont jamais effrayé Henri Dauman.
Quand il aborde le virage de la couleur, il comprend immédiatement toute la puissance et les qualités de la chromie : la valeur ajoutée qu'elle apporte à ses images, autant que ses pièges.
Lors de la prise de vue, chaque élément de l’image doit être à sa place. Rien ne sera repris après coup. Les possibilités techniques autorisées par l'appareil photographique n’ont jamais effrayé Henri Dauman.
Lors des funérailles de JFK, il se confronte à la couleur et en comprend instantanément toute la puissance et la portée. Le cortège funéraire dans les rues de New York, avec ses aplats de couleur, prend l'importance d'une peinture d’histoire
Henri Dauman exploite les qualités de la chromie et saisit la valeur ajoutée qu'elle apporte à ses images, autant que ses pièges. La couleur se répand sur de pleines surfaces ou s'exprime dans le détail. L'objectif reste toujours la publication et le rendu imprimé.
Effets visuels, formes maîtrisées, jeux d'ombres, la photographie lui ouvre un champ d'expérimentations infini. Clairement influencé par l'art de son époque, le traitement de la couleur s'impose, simple et efficace.
Henri Dauman sait avouer la dette qu'il doit au cinéma. La photographie est une suite de séquences. Ces suites d’images sont le compromis idéal entre image fixe et animée.
La photographie est mouvement. Elle se révèle complètement dans la mise en page, se construisant comme une combinaison minutée. Elle est un montage de sensations fortes.
ETRE DANS LE REEL
Henri Dauman a su être au plus près du réel. Il a su rapporter les faits de la façon la plus juste possible, quitte à porter le regard ailleurs. Dans la périphérie de l’acte.
L'œuvre photographique d'Henri Dauman nous offre un nouveau regard sur l'Amérique. A un moment clé où de nouveaux arts émergent, où une société de plus en plus hétérogène s'affirme franchement, où les mondes politiques et médiatiques se rejoignent. Cette vision est celle d'un homme qui, grâce à son parcours atypique et à la justesse de son regard, sera en première loge pour nous raconter cette histoire et nous livrer des images inédites
Photo : Miami Beach, années 1960
© DaumanPictures.com / Henri Dauman