© Claude Dityvon
Expositions du 16/10/2014 au 10/1/2015 Terminé
Galerie Dityvon Bibliothèque universitaire Saint Serge 57 quai Félix Faure 49100 Angers France
« Chacun, sans y prendre garde, vit entouré d'un fragile cocon, d'une bulle plus ou moins transparente qui sert tout à la fois de ballon d'oxygène, d'épouvantail et de miroir aux alouettes. Mon rêve à moi, c'est de visiter la bulle des autres.Galerie Dityvon Bibliothèque universitaire Saint Serge 57 quai Félix Faure 49100 Angers France
L'opération comporte sa part de mystère et d'imprévu. Une fois dans la place, rien ne dit que le propriétaire des lieux conservera une apparence identique à celle entrevue à travers la paroi iridescente. Il faut compter avec les diffractions.
Bien entendu, certaines bulles sont plus attirantes que d'autres; par exemple, celles secrétées par les auteurs de bandes dessinées. Ce sont des places fortes bariolées de couleurs vives. Elles dissimulent complétement leurs occupants en même temps qu'elles appellent le regard. Il y a chez ces gens-là un côté « Docteur Jekyll et Mr Hyde », trait de caractère partagé par tous ceux qui maitrisent un moyen d'expression.
Depuis longtemps déjà, j'étais fascinée par ce domaine inconnu. Je percevais la surface colorée d'un univers et j'étais intriguée, je voulais savoir ce qui l'animait en profondeur. J'éprouvais aussi, confusément, le désir de rattraper mon enfance, non pas en retrouvant des images issues d'anciennes lectures, - les petites filles s'intéressent rarement à la bande dessinée – mais en découvrant ces images pour la première fois et en cherchant à connaître simultanément, les visages qui se cachaient derrière elles.
Après m'être aguerrie en compulsant des piles et des piles d'albums, je me décidai un beau jour à tirer des sonnettes. Je rencontrai donc la plupart de ces auteurs, - dessinateurs et scénaristes - et leur demandai s'ils acceptaient de poser, dans leur élément, devant l'objectif de Claude. Les accueils furent variés : chaleureux ou méfiants ou encore franchement hostiles (même si cette hostilité ne s'exprimait pas de manière éclatante).
Mais après tout, il s'agissait rien moins que d'un acte sacrilège. A chaque fois, je me donnais l'impression de vouloir profaner quelque sanctuaire.
© Claude Dityvon
Pourtant, ce qui me frappe en revoyant maintenant ces photos, c'est la parfaite sérénité qu'expriment les visages de nos modèles. Peut-être cette sensation provient-elle de l'ambiance qui présidait aux prises de vues, - nous avions décidé, Claude et moi, de toujours rechercher une lumière « interne » plutôt que de forcer une intimité en installant des éclairages-.
De cette aventure, nous conservons, outre les portraits contenus dans cet album, quelques solides amitiés supplémentaires et beaucoup de bons souvenirs. Certaines personnalités m'ont particulièrement impressionnée.
Et puisqu'il faut toujours citer des noms, je dirai : Caro, Alex Barbier, Bilal, Pétillon, Gébé, Got, Lob, Mandryka, Poussin, Fred, Tardi... Mais ne comptez pas sur moi pour clore la liste car, de l'autre côté du miroir j'ai aussi rencontré le lièvre de Mars et le chapelier fou et Humpty-Dumpty et le chat de Cheshire... »
Chris Dityvon