Lundi 06 Octobre 2014 11:11:58 par actuphoto dans Expositions

Les questionnements sur le paysage et le rapport que l’homme et en particulier les paysans entretiennent avec lui, sont apparus dans le travail de Lise Gaudaire à la lecture du Court traité du paysage d’Alain Roger et suite à des conversations avec son père paysan. Le paysage comme lieu de travail, lieu de production, lieu façonné et utile.
Le paysage c’est l’aspect des lieux, c’est le coup d’œil, c’est une distance que l’on prend par rapport à sa vision quotidienne de l’espace. Le travail agricole étant le plus souvent incompatible avec cette disponibilité de temps et d’esprit, l’environnement est rarement “paysage” pour les agriculteurs (extrait du Court traité du paysage d’Alain Roger).
Pourtant avec les paysans, le paysage, ses lumières, ses couleurs, sa rudesse, sa douceur, la végétation, les vents, les sécheresses, les pluies, les silences deviendront un prétexte à la conversation, à l’échange, à la promenade et à la photographie. Quels regards ont-ils sur leur territoire ? Regardent-ils leurs paysages quotidiens ? Avec quels codes ? Comment le vivent-ils et le perçoivent-ils ? Quels rôles ont-ils dans cette construction perpétuelle du paysage ? Comment s'adaptent-ils à l’expansion de nos villes ? Et ces paysages, que nous disent-ils ?
Un regard sur ces paysans, sur leurs visages, sur ce qu’ils nous donnent à voir, sur ce qui se joue entre l’intime et leur relation au paysage et au monde.

LA RESIDENCE
Initiée dans le cadre d’une résidence à la Métive (Creuse), Paysans/Paysages est une résidence mission qui a reçu le soutien du Département d’Ille-et-Vilaine. Pendant sa présence sur le territoire de Chartres de Bretagne, Lise Gaudaire met en place, à l’occasion de plusieurs rencontres, un programme de médiation avec sept classes de primaire.

Être paysan aujourd’hui
Il y a quelques années, alors que j’étudiais aux Beaux-arts de Lorient, mon père avait une ferme et cherchait à la vendre. Je le suivais, l’interrogeais sur son métier, l’enregistrais, le photographiais. Je photographiais l’environnement dans lequel il travaillait. Reste de ces rencontres des portraits, des instantanés, des textes, des paysages et l’amorce d’une réflexion.
Aujourd’hui, il n’a plus sa ferme et en parle peu. Pourtant, mes interrogations demeurent. Quels rapports les paysans entretiennent-ils avec le paysage ? Comment le regardent-ils ? Quelle place ont-ils dans notre société ? Qui sont les jeunes paysans ? Alors, quels visages donner à ces paysans ? Que nous disent-ils et que nous enseignent-ils ?


PROJET ARTISTIQUE

Le portrait
La notion de portrait est centrale dans mes travaux. Elle est signe d’altérité et de présence. Quand on regarde un visage, peut-être voit-on des formes, des plis, des expressions, mais rapidement on est transporté dans un au-delà qui nous révèle l’idée d’infini. Rien n’est plus étrange, ni plus étranger que l’Autre. Alors, j’observe les existences autour de moi et je les photographie. Je réfléchis à la distance, à la lumière, à la couleur, aux noirs et aux blancs, au fond. Je questionne la photographie et ses capacités à nous raconter le monde. Il ne s’agira pas ici de répondre à la question qui sommes-nous ? mais à l’inverse d’observer et de s’interroger. Les visages sont expressions, discours, paroles, demandes, enseignements, miroirs. Que nous disent-ils sur eux, sur le monde qui nous entoure, sur notre société et sur nous-mêmes ? De proches à proches. Je travaille en cercles concentriques. Fragments d’un monde qui m’entoure. Le temps et la parole tiennent une place primordiale dans mes travaux car il s’agira ensuite pour les personnes de poser devant l’objectif, un moment extrêmement intime, un moment où elles donnent à voir une partie d’elles-mêmes, où elles confient leur image, ce qu’elles veulent bien nous montrer d’elles. Parole donnée, écoutée puis transmise. « Il y a nécessité à retrouver des lieux, des territoires, des groupes d’individus dans lesquels une action est possible (...). Je travaille de proche en proche, c’est là que je peux être le plus efficace : dans un périmètre, avec des gens. Ma façon de comprendre ce périmètre est de le construire et la photo seule n’y suffit pas. Contrairement à un photographe silencieux, je travaille avec ma langue : s’il n’y a pas de paroles avant, cela ne m’intéresse pas.» Marc Pataut

© Lise Gaudaire







© Lise Gaudaire

Le paysage
Les questionnements sur le paysage et le rapport que l’homme et en particulier les paysans entretiennent avec lui, est apparu dans mon travail à la lecture du Court Traité du Paysage d’Alain Roger et du projet photographique sur mon père paysan. Le paysage comme lieu de travail, lieu de production, façonné et utile.
« Le paysage c’est l’aspect des lieux, c’est le coup d’œil, c’est une distance que l’on prend par rapport à sa vision quotidienne de l’espace. Le travail agricole étant le plus souvent incompatible avec cette disponibilité de temps et d’esprit, l’environnement est rarement “paysage” pour les agriculteurs. En fait, le terme paysage est pour eux le plus souvent inadéquat. [...] Le registre esthétique semble phagocyté par l’utilitaire, le beau défini par l’utile. » Extrait du Court Traité du Paysage d’Alain Roger Pourtant avec les paysans, le paysage, ses lumières, ses couleurs, sa rudesse, sa douceur, la végétation, les vents, les sécheresses, les pluies, les silences deviendront un prétexte à la conversation, à l’échange, à la promenade et à la photographie.
Quels regards ont-ils sur leur territoire ? Alors regardent-ils leurs paysages quotidiens ? Avec quels codes ? Comment le vivent-ils et le perçoivent-ils ? Ont-ils conscience de leur implication dans la construction des paysages ruraux ? Et ces paysages que nous disent-ils ?
Mes séries photographiques se situent alors peut-être sensiblement du côté de l’enquête ethnographique ou de la collecte de visages. Des images consacrées à mon père paysan et au paysage, à l’enfance en famille d’accueil, à l’adolescence en milieu rural, aux visages de ma génération, la vingtaine. À nouveau, porter un regard sur ces paysans, ceux de Chartres de Bretagne, ceux de Gomené, ceux de Belle-Ile, ceux d’Ahun...


La démarche
Le point de départ de mon travail est la prise de contacts avec les paysans. Il s’agit ensuite de les rencontrer et d’échanger, sur le projet, sur leurs rôles et les rapports qu’ils entretiennent avec le territoire, le paysage, sur le choix de ce métier, sur la place qu’ils ont dans notre société, et puis parfois nous échangerons de choses et d’autres. Les conversations sont enregistrées, réécoutées et écrites afin de pouvoir les partager : paroles données, écoutées puis transmises.
« En vieillissant, je recherche plus une sorte de calme, de sérénité, me retirer du monde, laisser redevenir embroussaillé, un peu touffu, je pense que ça va avec ce qu’on recherche. Dès qu’on s’empare d’un lieu, on le façonne à un certain moment de sa vie. » Extraits de conversations avec Pierre, août 2013.

© Lise Gaudaire
 

Lise Gaudaire
Née le 7 juillet 1983, Lise Gaudaire vit et travaille à Rennes.

Formation
2007 - Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique avec mention, ESA Lorient 2005 - Diplôme National d’Arts Plastiques avec mention, ESA Lorient
Expositions personnelles
2012 - La vingtaine, Galerie l’Escalier, Rennes 2012 - La vingtaine, Galerie du Carré d’Art (Espace Figures Libres), Chartres de Bretagne 2011 - Les belles histoires, Palais des Congrès, Loudéac 2009 - Basilio, César et les autres..., Musée des Métiers, La Chèze

Expositions collectives
2013 - Pourcent20, Galerie Le Corbusier, Trappes 2010 - Hors Bord, Galerie du Faouëdic, Lorient 2007 - On vous rappellera, ESA, Lorient 2005 - L’instantané, Galerie Le Lieu, Lorient

Résidences
2014 - Résidence au Carré d’Art, Chartres de Bretagne, Ille-et-Vilaine 2013 - Résidence à la Métive, Moutier d’Ahun, Creuse

Bourses
2012 - Bourse Défi Jeunes pour le projet La vingtaine, DRJSCS Bretagne 2008 - Bourse FRIJ, projet coup de cœur, catégorie Solidarité Internationale, Rennes

Editions
2014 - Paysans/Paysages, Editions Diaphane 2010 - Catalogue de l’exposition Hors Bord édité par la ville de Lorient 2007 - Catalogue des diplômés 2007 des écoles d’arts de Bretagne