© Erick Derac
Erick Derac est un artiste visuel. Il manipule des matériaux (souvent d’origine photographique) des formes (provenant du réel et de divers rebus) et des couleurs (issues de gélatines ou de fichiers informatiques).
Erick Derac fait appel aux technologies de reproduction les plus pointues qu’il masque par des retouches et manipulations extrêmement visibles et souvent d’une grande élégance. Son travail réactive des procédés expérimentaux et stratagèmes techniques issus de l’histoire de la photographie et de l’art du XXème siècle.
Le travail d’Erick Derac bouleverse le temps photographique. Il suit un processus implacable de captation + destruction + recomposition de l’espace.
Après la séance de prise de vues, l’ektachrome est patiemment manipulé en postproduction. Il ne s’agit plus de capturer le temps mais de le défaire, de le dilater.
En procédant par greffes, accumulations, hybridations, mutations, l’artiste opère de constants allers-retours formels et visuels. Il n’est pas étonnant qu’une de ses sources d’inspirations soit le chantier urbain, brouillon visuel en suspens, à la croisée de la cartographie et des utopies architecturales et plastiques. Ici, une image en cache ou en révèle souvent une autre. Le réel photographique, que l’on dit objectif, est littéralement contaminé. Il disparaît au profit d’une multitude de glissements de sens.
La singularité de cette pratique questionne le mode de production, d’apparition et d’interprétation des images. Elle nous montre que toute forme de représentation et de critique du monde est un leurre.
« L’aventure d’Érick Derac commence véritablement en 1997-1998, avec la série des Contaminations. Ses clichés antérieurs s’inscrivaient pourtant dans une tradition photographique du paysage urbain et industriel: celle de la DATAR, de Gilbert Fastenaekens, de Bernd et Hilla Becher. Prenant alors conscience qu’il doit se démarquer de cette école, Derac innove en mettant au point un protocole technique pour le moins surprenant. Dans un premier temps, et d’une manière certes très « classique », il cible précisément un lieu à photographier.
La prise de vue cadre le sujet – souvent des zones industrielles en cours de réhabilitation – d’une manière très composée, stricte, mentale. Mais le cliché réalisé ne constitue qu’un matériau. La seconde phase peut alors débuter, sur la table de l’atelier où l’artiste entreprend un véritable travail de miniaturiste.
Derac intervient dans le corps sacro-saint de la photographie: l’ektachrome. Mais c’est un corps mort, le numérique l’ayant relégué au rang d’objet quasi préhistorique. Le geste de Derac est celui d’un iconoclaste, au sens où, paradoxalement, « il détruit parce qu’il veut sauver » (Marie-José Mondzain).
L’artiste agit donc à la manière d’un médecin légiste doublé d’un professeur Frankenstein désirant, par le biais de l’hybridation, insuffler une vie nouvelle à un cadavre translucide. » Richard Leydier, in « Erick Derac,La photographie au scalpel» (Catalogue Érick Derac, Manipulated, composed and designed, 2008)
«Érick Derac fait de l’impureté un principe de création. [...] Transparentes et colorées, les photographies de Derac, dans un esprit aussi joyeux que subversif, se glissent entre le monde et nous, altérant l’image lisse que nous pourrions avoir de celui- ci. [...] Les transparences impures de Derac nous enseignent que le monde ne possède pas de sol ferme, qu’il est fissuré et fragmentaire, tels les Partages d’espace, dans lesquels se télescopent des espaces différents, rompus eux-mêmes par des bandes colorées. À travers de telles œuvres, nous apprenons à voir, c’est-à-dire à admettre que ce que nous prenions pour une réalité complète est une illusion.. [...]
Bien qu’ils s’emploient à en déjouer les effets, les travaux de Derac usent ouvertement des moyens de la séduction.
Les insertions colorées ont un effet de vitrail, les Poussières offrent à première vue les silhouettes aériennes et graciles d’une peinturede Mirò, les Points de vue se composent en kaléidoscope. [...]
© Erick Derac
« La logique de l’œuvre, qui consiste à intervenir directement sur une image préalable comme sur une matière première, abolit la distinction de nature entre l’intervention de l’artiste et l’image de départ ; elle nous conduit dès lors à observer les constants glissements d’une chose à une autre, d’un niveau de réalité à un autre — du réel au probable, de la chose complète à ses transformations ou à sa désagrégation. » Anne Malherbe, in « Erick Derac, Éloge de l’impureté » (Catalogue Érick Derac, Manipulated, composed and designed, 2008)
«[...] Toutes les images sont manipulées au laboratoire, sans la moindre intervention digitale, comme ultime ambiguïté. Le travail d’Érick Derac porte en fait sur une certaine forme de recomposition du paysage qu’il qualifie de corrigé, de nouveau ou qu’il considère comme en chantier. La
notation topographique renvoie à des questions d’échelle et d’étalonnage, à des bouleversements de perspective, bref à une recréation complète du paysage.[...] »
Bernard Marcellis, in Artpress n° 300, avril 2004, Paris
«La planéité de l’image photographique, sa platitude, ont souvent été déplorées et les solutions techniques pour en contourner les effets se sont multipliées. Erick Derac utilise à ce propos différentes stratégies. Certaines sont héritées des arts plastiques, d’autres dérivent directement de la pratique photographique. [...] Dans ses dernières séries, la figure
rémanente se trouve recouverte par les formes annexes qui prolifèrent en une sorte de cancer de la surface.»
Christian Gattinoni, in « Erick Derac, Les retards compensés de l’image » (Photos nouvelles N° 52, juillet / août 2008
Biographie
Erick Derac est né en 1969. Il vit et travaille à Saint-Mandé et Paris. Diplômé de l’Ecole régionale des Beaux-Arts de Nantes et de l’International College of Photographic Arts de Cahors, son travail est régulièrement exposé depuis 2002, en France, Belqique et aux États-Unis, aussi bien en galeries qu’en institutions, à l’occasion d’expositions personnelles et
collectives. Il participe également à différentes foires d’art contemporain.
Expositions personnelles
2011
«Paysages corrigés», Chapelle des Ursulines, Lannion
«Corrected landscapes», Galerie V, La Rochelle [édition d’un
catalogue]
2010
Galerie Charlotte Norberg, Paris
2008
Échirolles, Musée Géo-Charles Toulouse
Galerie Duplex, Paris
Galerie Defrost, Paris
Galerie municipale, Vitry/Seine
2006
Galerie Defrost, Paris
Galerie Georges Bessière, Noirmoutier
2005
«Triptyque», galerie Gaultier, Hôtel de Ville, Angers
2004
«Psycho-topo-graphie», espace Allende, Université Libre de
Belgique, Bruxelles
Art Event, galerie Georges Bessière, Lille [catalogue]
2003
Galerie l’Usine, Bruxelles
Galerie d’art de Créteil
Abbatiale, Bernay [catalogue]
2002
Galerie l’Usine, Bruxelles
Hôtel d’Arlatan, Rencontres Internationales de la
Photographie, Arles
Erick Derac a également participé à de nombreuses
expositions collectives en France et à l’étranger (Belgique,
Allemagne, Etats-Unis, etc.)
Ses créations ont également été présentées lors de foires et
salons d’art contemporain, dont Chic Art Fair, Slick, Photo
Miami.