© Frédéric Nakache
Du 5 juillet au 7 septembre la galerie Martagon expose la série "Le fil du rasoir" de Frédéric Nakache.
"La photographie contemporaine est marquée par trois orientations principales. La plus courante est celle de la photographie documentaire qui porte un regard critique ou non sur la réalité. La photographie narrative se rapproche plus du cinéma et du journal intime. La troisième orientation sʼinscrit dans la tradition picturale et donne à voir des “tableaux”.
Mon travail se situe à la croisée de ces trois grands axes. Jʼassemble des morceaux du monde matériel, des éléments personnels ainsi que de lʼhistoire de lʼart et de la photographie. Avec ces fragments, je construis une narration particulière, qui nʼest autre que lʼexploration de ma propre expérience de la réalité. Cette conception éclatée et protéiforme de lʼimage ouvre un large champ dʼinterprétations et de lectures au regardeur. La photographie sʼest donc imposée à moi comme une évidence. En effet, la pertinence de ce médium me permet de traiter les problématiques qui me sont chères. Pour moi, la photographie est à la fois un outil pour interroger le monde matériel, la mémoire humaine et explorer des thèmes tels que la violence, lʼamour, le désir, la monstruosité, la nature humaine et ses paradoxes.
Mes photographies et mes vidéos sont le fruit dʼune longue maturation à lʼatelier. Travaillerainsi me permet de tendre progressivement mes compositions, de jouer avec la lumière et de faire évoluer mes problématiques. Jʼessaie dʼaller à lʼessentiel, de ne laisser que les éléments nécessaires et de les articuler pour essayer de faire une image la plus juste possible en fonction de ce que je veux développer. Le fait de laisser mûrir une oeuvre permet aussi de voir si elle a suffisamment de force et dʼautonomie pour durer dans le temps. En dernier lieu, se pose la question du format. Je préfère choisir le format qui convient le plus à mon sujet. Cʼest pour cela que lʼon peut trouver dans mon travail des photos qui font 220x170 cm et dʼautres qui ne font que 10x10 cm. En ce qui concerne mes vidéos, plastiquement, elles sʼapprochent de plus en plus de photographies à peine animées soit par la respiration de la personne filmée soit par de légères variations de lumière, etc. Je cherche une sorte de degrés zéro de la vidéo qui répondrait au principe
de la photographie sans la dimension mortifère de lʼimage fixe.
Par ailleurs, jʼai aussi une pratique de la sculpture qui nʼest pas à proprement parler de la sculpture classique. Par exemple, “Noos” et “Bang Bang” sont des structures dʼéléments gonflables. Depuis 2010, jʼai commencé un ensemble de sculptures intitulé “Compositions”. Chaque sculpture est constituée de lʼassemblage de différents objets qui mʼont servi dans des photographies ou des vidéos. Ainsi de nouveaux liens sémantiques se créent entre les différents pans de mon travail."