catalogue de l'exposition © Thomas Sauvin
Maison de la Chine 76, rue Bonaparte Place Saint Sulpice 75006 Paris France
Cette exposition réunit une sélection de portraits réalisés dans des studios chinois entre les années 1930 et les années 1980. Le portrait en pied, ou le sujet est présenté des pieds a la tête devant un décor, est vieux comme l’histoire du portrait photographique. Mais dans le cas chinois, en vue de réduire le coût de ce type de portrait, les studios photo proposaient un format vertical inédit dont le cadre laissait tout juste à son sujet la place de se tenir debout, les bras le long du corps. En résultait un tirage argentique, sorte de minuscule cercueil photographique, d’une taille moyenne de 7cm de haut par 2.5 cm de large, noir et blanc ou colorisé à la main.
© Thomas Sauvin
A travers ces images, nous ne découvrons pas des individus tel qu’ils sont, mais tel qu’ils veulent être vus. Chacun de ces portraits contient un élément par lequel le sujet affirme sa place dans la société : l’enfant et son ballon, le soldat et son plus beau costume militaire, le révolutionnaire et son grand timonier, la paysanne et son chapeau de paille, le photographe et son appareil, ou encore la femme moderne et son sac à main en cuir...
Thomas Sauvin est l’auteur de cette réunion « accidentelle » de 60 portraits anonymes, qui fait penser au travail archétypal d’August Sander dans Visage d’une époque. Une photographie objective, dénuée de jugement, à travers laquelle on regarde une société droit dans les yeux. En flânant dans des marchés aux antiquités chinois on peut encore trouver ces petites figurines photographiques qui, individuellement, peuvent être d’un ennui poignant. Le sens profond de ces images se révèle à travers leur juxtaposition, laissant apparaître des fragments d’histoire de la société chinoise, de ses codes vestimentaires, comportementaux et idéologiques.
Une juxtaposition habile que propose Thomas Sauvin à travers cette exposition.
© Thomas Sauvin