
Bambi © Tazio
Jeune Théâtre National 13, rue des Lions Saint-Paul 75004 Paris France
C'est de rencontres impromptues que se nourrit le travail photographique de Tazzio qui prend pour sujet des inconnus dont il croise la route au hasard de ses déambulations. Ces anonymes, Tazzio les emprunte à leurs quotidiens, et, dans son atelier à ciel ouvert, interroge la beauté et le désir, pour écrire le récit fantasmé de la rencontre.
Imprégnée de cinéma et de peinture, l'œuvre de Tazzio s'inscrit dans une approche picturale de la photographie. La lumière cendrée des Portraits fige le temps et imprime les épidermes sur la surface rugueuse d'un décor absent. Dans un dépouillement de la chair qui confine à l'abstraction, la pose suggère un hors-champ, la possibilité d'un ailleurs.
En contrepoint, la série Diary utilise l'application Hipstamatic en Polaroid contemporain, tout en la détournant légèrement de sa vocation première qui vise à l'instantanéité. Dans un clair-obscur saturé aux reflets bleu vert, l'image se fait lucarne sur un drôle de cirque, où paradent les icônes éphémères qu'il met en scène entre mythologies collectives et mythes personnels.
Au-dessus des portraits de Tazzio flotte le parfum d’une fin d'enfance où le désir naissant se mêle souvent à l'humour. Tazzio joue avec ses modèles. Dans la complicité d'une relation parfois construite sur plusieurs années, il se moque d'eux avec tendresse. Dans la série Cow-boys, il s'amuse à hisser des corps androgynes sur un podium de fortune, en legging argenté, un pistolet dans chaque main. Parfois grave, souvent joyeuse, sur le fil du masculin et du féminin, c'est dans le jeu que se révèle la beauté fragile de ses jeunes Saint Sébastien en sursis. Qu'elle soit mutique ou révélée, confuse ou assumée, la sensualité de ces créatures nous conduit à explorer notre propre intimité désirante. Tazzio donne ainsi un spectacle qui interpelle la bienséance d’un quotidien indifférent.