Avant même son retour triomphal sur la terre franc-comtoise au Musée Courbet à Ornans, à l’occasion de la prochaine exposition temporaire « Cet obscur objet de désirs autour de L'Origine du Monde », la Galerie Jean Greset vous invite à découvrir l’œuvre la plus scandaleuse de l’histoire de l’art, comme vous ne l’avez jamais imaginée.
C’est une véritable partie de cache-cache, à laquelle l’œuvre de Courbet est livrée depuis sa création en 1866. Pendant plus d’un siècle, personne ou presque n’a vu cette toile. Ses propriétaires successifs se sont ingéniés à la dissimuler : d’abord derrière un rideau vert, puis derrière une autre œuvre de Courbet, et enfin masquée par un astucieux mécanisme faisant apparaitre un paysage surréaliste peint par André Masson.
Après avoir été retrouvée, il faut attendre 1988 pour qu’elle soit finalement exposée au grand jour, lors d’une exposition rétrospective de l’œuvre de Courbet à New-York. Depuis 1995, présentée au Musée d’Orsay, l’œuvre est accessible au grand public.
Depuis toujours dans l’histoire de l’art, la représentation de la nudité féminine a bénéficié d’un traitement privilégié par rapport à celle de la nudité masculine. L’idéal du corps féminin nu est saisi par une codification artistique rigide, issue d’une imagination masculine répondant avant tout aux attentes d’un public masculin.
Si l’œuvre de Courbet a autant scandalisé et scandalise encore, cela s’explique par sa représentation de la femme qui se veut hors des normes académiques. La franchise et l’audace de Courbet à traiter le sexe féminin de façon quasi anatomique posent de manière troublante la question du regard du spectateur ; la gêne est assurément un mot très souvent associé à l’œuvre, le spectateur se trouvant dans tous les cas placé en situation de voyeur. Seul le titre poétique de l’œuvre apporte une certaine douceur à la représentation de cette nudité exhibitionniste, tout en constituant un habile « alibi ». Au final, le pouvoir de cette œuvre réside en sa capacité de susciter aussi bien une problématique morale pour certains qu’une terrible passion pour d’autres.
C’est dans l’esprit de ce lien, unissant de manière si intime le regard du spectateur à l’évocation de la nudité dans une œuvre d’art, que Jean Greset vous invite dans sa galerie à découvrir les créations d’une palette d’artistes contemporains ayant revisité l’œuvre de Courbet et la thématique du nu féminin. Le réalisme de Courbet ainsi que l’assimilation de ses paysages à la forme humaine ont inspiré les 60 artistes présentés pour l‘occasion sur trois lieux d’exposition. Photographies, peintures, sculptures et performances viendront se mêler au nouveau langage entamé par la célèbre œuvre avec le public.
© Eric Bourret, Layering Time