© Cédric Spilthooren
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Dans un pays où les valeurs communautaires et familiales constituent les piliers sociétaux, où la notion de piété filiale est déterminante sur l’orientation du choix concernant la sphère de l’intime, vivre librement son orientation sexuelle est une gageure. S’affranchissant des résistances culturelles de leurs pays, ces couples gays et lesbiens ont pour certains, décidés de vivre ensemble et pour d’autres, projettent de le faire.
Il ne s’agit donc aucunement, dans ce travail photographique, de porter un jugement hâtif sur la société chinoise, mais, au travers de ces photos et de leurs entretiens, de conter l’histoire de personnes qui s’aiment.
Jean et Carol © Cédric Spilthooren
Jean et Carol
Jean : 22 ans, fille unique, née à Pékin. Étudiante en faculté de droit. Mère : médecin retraité. Père dans l’armée
Jean : « Je n’ai pas parlé à mes parents de ma sexualité. Ils sont très conservateurs et ils ne l’accepteraient certainement pas. Je suis bisexuelle : je peux trouver de la beauté dans les deux sexes. J’ai parlé de ma sexualité à un de mes amis. Pour les autres, ils ne le savent pas. C’est ma première expérience avec une fille. Nous sommes ensemble depuis trois mois. Nous sortons souvent ensemble, mais personne ne devine ce qui nous lie. En Chine, la plupart des relations homosexuelles sont vécues de façon cachée, underground. La pression familiale est trop forte. Si on ne passe pas par l’étape du mariage et des enfants, on est considéré par certains comme une personne ayant des problèmes psychologiques. Nous restons les enfants de nos parents. Peu de personnes font leur « coming out », toutefois, les choses commencent à changer. Au moins, maintenant, les gens savent ce que c’est qu’être un homosexuel... enfin ils connaissent le mot. »
Carol : 22 ans, fille unique, née à Pékin. Étudiante en faculté de droit. Mère : restauratrice. Père : au chômage
Carol : « J’étudie le droit dans la même université que Jean et je me prépare pour être avocate. Je vis chez mon père. Mes parents ont divorcé quand j’étais très jeune. Ils étaient tous les deux focalisés sur le travail. Du coup, peu importe ma sexualité, ils n’ont aucun droit d’intervenir. Je n’ai pas parlé à mes parents de ma sexualité, ils la découvriront par eux-mêmes. Comme mon père ne vit pas actuellement sur Pékin... il est parti chercher du travail ailleurs, j’habite chez lui depuis trois mois avec Jean. Précédemment, nous couchions à l’université. La plupart de mes amis, dont beaucoup sont des filles, connaissent ma sexualité. Pour un grand nombre d’entre elles, ça ne pose pas de problème. J’ai eu d’autres relations avec des filles.»