© José Ramón Bas / Galerie VU'
La Galerie VU’ présente les deux séries les plus récentes de José Ramón Bas : Singer Dreams, variation ludique, réminiscence mémorielle et sensible déclinée sur les archives d’un concours de chant lyrique et Jaffna, où l’auteur allie à nouveau sa complicité avec les enfants et son goût de l’ailleurs.
Dans chacune de ces séries, la démarche et le processus créatif de l’artiste prennent forme au travers d’œuvres qui sont autant de pièces uniques : des inclusions sous résine de tirages argentiques retouchés par l’auteur.
José Ramón Bas est un enchanteur. Avec Jaffna, il s’immerge au Sri Lanka avec tendresse et respect, dans une connivence renouvelée avec des enfants, porteurs d’espoir et d’allégresse qui sont, tout à la fois, les acteurs et le sujet de sa série. Avec Singer Dreams, il exhume, ravive et exalte le souvenir et les illusions d’aspirants chanteurs d’opéra, après avoir fortuitement retrouvé les archives d’un concours de chant vouées à la disparition. Il est difficile, pour ne pas dire impossible de trouver un qualificatif pour définir, ou tenter de situer pour le moins, José Ramón Bas.
© José Ramón Bas / Galerie VU'
Est-il photographe ? Oui, en quelque sorte. Mais, il réinvente ses photographies, les réinvestit de sa créativité et de son imagination, de sa poésie, de sa fantaisie. Parfois, il s’approprie des images qui ne sont pas les siennes, et se promène sur les gammes de la mémoire et du temps. Sur chaque tirage, il dessine, écrit, griffonne, rêve un peu, joue sûrement. Puis, il le «prend» dans la résine, et l’image devient un objet, soudain avec une épaisseur : il donne corps au rêve et matière à rêver. Alors, José Ramón Bas est un conteur. Il va, vient, bricole, échafaude et raconte une histoire, la donne à voir et à jouer. Il insuffle des émotions contagieuses, évoque des visions, invoque des souvenirs...
Mais il est, aussi, un voyageur. Il parcourt le monde, de l’Égypte au Brésil, de Cuba au continent africain, du Maroc au Sri Lanka... Et partout, il fait des enfants les complices et les acteurs de son œuvre. Il a leur gourmandise, leur audace, leur talent d’invention, leur goût du jeu et du ravissement.
Poète, touche-à-tout sans jamais être dilettante, créateur épris de liberté et voyageur insatiable, José Ramón Bas est un artiste inclassable.
« En 2007, alors que je marchais dans une rue proche de chez moi à Barcelone, j’ai vu de nombreux classeurs jetés dans des poubelles. Je n’étais pas le seul à m’en être rendu compte, et deux ou trois personnes fouillaient dans la benne à ordures.
Après un coup d’œil rapide (il y avait des photographies et des documents qui semblaient assez anciens), j’ai emporté ce que je pouvais. A mon retour, plus calmement, j’ai vu qu’il s’agissait des fiches d’un concours de chanteurs d’opéra, des photos, des lettres, des visas, des curriculums, des recommandations et d’autres choses encore.
© José Ramón Bas / Galerie VU'
L’éventail de nationalités était assez important : Europe de l’est, Europe de l’ouest, Etats-Unis, Japon et même Afrique et Cuba. J’ai toujours su que j’en ferais quelque chose... Mais, je devais trouver le moment et la manière. En tant qu’artiste, je ne voyais pas l’intérêt d’exposer ces documents en tant que tels, des archives.
Un jour, en manipulant les portraits, j’ai décidé de re- travailler ces images, ces lettres, ces curriculums, ces programmes de chant et ces documents étranges pour exprimer toute l’énergie concentrée dans les rêves et les émotions des candidats concourant pour seulement trois prix, après un vie d’efforts à étudier. J’ai commencé à intervenir sur les tirages en évoquant les rêves de ces chanteurs, de cette mémoire qui avait été sur le point de disparaître dans une benne à ordures.
Ainsi est née cette série, Singer Dreams, comme un rêve dans la mémoire collective de ces chanteurs mêlée à la mienne... ».
José Ramón Bas
© José Ramón Bas / Galerie VU'
Biographie
Né à Madrid en 1964, José Ramón Bas s’initie en 1979 en autodidacte à la photographie et rencontre le photo- graphe Florencio García Méndez qui guide ses premiers pas. En 1985, il suit des cours de photographie et de vidéo à l’Escuela de la Imagen y el Diseño de Barcelone (IDEP). Son intérêt se concentre vite sur les nouvelles formes d’expression et sur la mémoire du voyage.
En 1989, il s’installe définitivement à Barcelone et 1997, reçoit de la Fondation Caixa la «Bourse Fotopres» destinée aux jeunes créateurs. Il commence à collaborer avec le Galerie Berini de Barcelone. En 1998, il installe son studio au Centro de Arte Contemporáneo Piramidon. C’est en 2001 qu’il rejoint la Galerie VU’. En 2003, il reçoit le Prix Federico Vender (Italie) et en 2004, le Prix de la Fundación Arena. En 2005, il devient enseignant à l’école EFTI de Madrid (Master de Fotografía Creativa).