© Guillaume Chaplot
« Avec sa série Dans la forêt, Guillaume Chaplot ne montre pas des peintures mais bien des photographies, il s’applique cependant à qualifier ces dernières de « tableaux ». Pourquoi cette terminologie sensiblement désajustée, cette dénomination décalée, ce léger désaccord ?
© Guillaume Chaplot
(...) Dans les « tableaux » de Guillaume Chaplot, les arbres, ou du moins ce qu’il en reste, sont différents car ils sont mis en image non pour être représentants d’eux-mêmes, mais posés là, réunis en tant qu’émissaires de la forêt, (...) pour finalement symboliser l’orientation incertaine, figurer l’errance prolongée, exprimer l’égarement possible, la perte avérée, la disparition. Une forêt qui également désigne la solitude choisie, choyée, elle s’institue alors comme le refuge idoine pour s’éloigner de la vie quotidienne et se rapprocher de sa propre vie, un temple végétal. (...) Ainsi en est-il du sujet que développent les « tableaux » de Dans la forêt, une métaphore ouverte, partagée entre le nomadisme et la retraite, répartie entre l’inquiétude de se perdre, et la quiétude de se réfugier, de se retrouver. Obscurité et clarté cohabitent dans les sous-bois, les antonymes se retrouvent logiquement réunis dans ces images qui figurent une pérégrination singulière commune à chacun, celle de la vie et ses vicissitudes.
(...) Pas seulement des photographies, pas simplement des « tableaux » non plus, pas uniquement des métaphores de l’égarement, ces images ressemblent à d’anciennes verdures qui auraient été matériellement revisitées, métaphysiquement réactualisées, d’authentiques tapisseries réalisées pour l’occurrence avec des fils de lumière tissés sur du temps arrêté à l’aide d’une trame ontologique.
© Guillaume Chaplot
(...) Le photographe Guillaume Chaplot se pense parfois peintre ; il devrait plus souvent s’évaluer sage, poète, lissier. »
Extrait du texte Les verdures tissées de lumière de David Brunel
Docteur en philosophie esthétique, photographe, enseignant à Aix-Marseille Université et à Paul Valéry Montpellier III