
© Zevs / La vitrine am
Regard sur les relations non autorisées entre l’art et les marque
Pour sa huitième expérience, La vitrine am poursuit son analyse des liens entre art et marques, et met en lumière les relations non autorisées entre ces deux mondes.
Pour donner tout son sens à ce sujet, La vitrine am invite Zevs. Quoi de plus logique pour l’artiste que de reprendre la parole, après plusieurs années d’absence à Paris, dans le premier lieu dédié aux expériences art et marques?
L’artiste, parfois craint ou critiqué par les marques, les ancre au cœur de sa démarche artistique, tout en s’attaquant à leur image. Des trottoirs de la ville aux murs des galeries, il réagit aux signes urbains et aux codes de la consommation, il interroge l’espace public, l’art et son rapport avec la société. Depuis 2005, il s’attaque à la fonction symbolique du logo qu’il flashe, liquide ou kidnappe. Conscient du pouvoir attractif de la publicité qu’il détourne à son profit, il l’interroge et l’utilise comme support d’expression.
La démarche unique de Zevs s’inscrit parfaitement dans la programmation de La vitrine am. L’espace d’exposition questionne ses rapports ambigus et passionnels avec les marques mais également le rôle de l’artiste vis-à-vis de celles-ci.
Dans un monde où les marques sont omniprésentes, l’artiste ne peut-il pas être un contrepouvoir ? Ne doit-il pas porter sur les marques un regard nouveau, décalé, critique comme il le fait déjà sur le monde en général ?
D’autre part, le perpétuel jeu artistique, les mécanismes de retournement que Zevs entretient avec les marques, ne peuvent-ils pas leur permettre de s’émanciper des codes de communication et d’image traditionnels et d’ainsi se réinventer?
Ce sont toutes ces questions que La vitrine am se posera du 30 avril au 24 juin avec l’exposition Retrovizevrs.
L’exposition qui marque le retour de Zevs
L’exposition Retrovizevrs à La vitrine am marque le retour de Zevs, il s’agit de sa première exposition personnelle à Paris depuis 7 ans. Le titre de l'exposition Retrovizevrs reprend, comme pour le tag d’origine de l’artiste, une lecture tridimensionnelle. La première partie symbolise un flashback des quinze années d’actions urbaines de l’artiste, la seconde, son engagement et ses interventions sur les marques qu'il utilise comme des cibles et la troisième prend la forme d’une réappropriation orthographique du mot en faisant apparaitre son patronyme de manière indirecte.
Cette exposition présente un ensemble d'œuvres inédites : • un wallpaper inédit, clin d’œil à Daniel Buren et Bertrand Lavier, dont la déclinaison de jaunes reprend le code couleur de l’artiste et celui de grandes entreprises qu’il a liquidées. • une œuvre sonore réalisée en 1998 (l’artiste avait tout juste 20 ans) et jamais divulguée à ce jour. L’enregistrement d’une heure présente les conversations téléphoniques que l’artiste a eu de manière anonyme avec des galeristes parisiens. A chacun, il a posé la question « comment devient-on artiste ? », perturbé ainsi ses interlocuteurs et alimenté le débat en cours à l’époque sur ce qu’est l’art contemporain. L’oeuvre est présentée dans une valise, objet cher à Duchamp, et elle est accompagnée de 100 polaroids des actions urbaines de Zevs. • une installation de ces polaroids retrace 15 années d’interventions de l’artiste. Présentés sur 4 stèles sous forme d’échiquier, symbolisant le manège de l’artiste avec les marques, 50 polaroids sur 100 seront retournés jouant avec les codes du visible et de l’invisible.
Retrovizevrs est aussi l’occasion de découvrir avant l’heure la monographie de l’artiste à paraître en septembre aux Editions Gallimard (Alternatives). Cent exemplaires collectors sont présentés à La vitrine am et disponibles à la vente.
© Zevs / La Vitrine am
Des actions urbaines à l’art conceptuel
Zevs c’est d’abord un tag reconnaissable parmi tous qui, avec le temps, est devenu un logo. En 1992, le graffeur en herbe de 21 ans manque de se faire renverser par un RER nommé Zeus. Zevs a « marqué ce gamin, et le gamin s’empare de la marque. En remplaçant le « u » par le « v », il récupère le mythe du dieu grec et se retrouve avec un tag archaïque, au graphisme pointu. Son tag jaillit alors comme un éclair sur les murs de Paris. Il détourne le triangle signalétique jaune et noir des armoires électriques en y inscrivant son nom..
Ce premier retournement deviendra sa marque de fabrique.
Au début de sa pratique artistique, Zevs réagit aux codes de la société via le graffiti avec un brin d’activisme. Ses actions urbaines l’amènent à rencontrer des grands noms du Street Art tels que André, Invader. Ces rencontres donnent souvent naissance à des projets communs tels qu’@nonymous avec Invader en 1999.
En 1997, il prend conscience de l’empreinte de la ville, et s’éloigne ainsi de la pratique traditionnelle du graffiti pour créer un langage qui lui est propre.
Il travaille d’abord sur le mobilier urbain, la signalétique puis sur les affiches publicitaires et les campagnes de communications des entreprises.
Dès qu’il commence à s’intéresser aux logos, il développe son travail pour marquer la ville en investissant les territoires d’expression réservés traditionnellement aux marques.
Il entretient avec elles une relation ambigüe, entre amour et haine et instaure un jeu artistique perpétuel.
Sa réflexion porte aussi sur la forme de sa pratique artistique. Performances, peintures, il invente également un procédé de graffiti invisibles et de graffiti propres, qui lui permet de maitriser la diffusion de son message.
Le travail de Zevs sollicite autant l’esprit que l’œil.
Parce qu’il se considère comme un artiste peintre, il a très vite mis un pied dans les espaces institutionnels. Il manie deux langages : celui de la rue et celui des lieux d’art.
© La vitrine am