
Portrait de Maras © Serie Maras, 2006. Isabel Muñoz
Musée du Quai branly 37, quai Branly 75007 Paris France
TATOUEURS, TATOUÉS explore l’univers du tatouage et propose une approche inédite de cette pratique ancestrale en rassemblant 300 œuvres historiques et contemporaines provenant du monde entier. Pour la première fois, une exposition met en perspective la dimension artistique du tatouage, son histoire depuis les premiers témoignages de son existence, au travers de toutes les cultures. Le musée du quai Branly fait écho à l’intérêt grandissant porté à cet art – à la fois « objet » de fascination et marquage identitaire – dans nos sociétés contemporaines.
Si le tatouage est riche d’une histoire à la fois technique et esthétique, déjà très largement étudiée et représentée, les tatoueurs et tatoués en sont les porte-paroles au quotidien.
Pour la première fois, le propos d’une grande exposition est consacré au tatouage en tant que geste artistique, et rend hommage aux pionniers contemporains, ces artistes qui ont fait évoluer l’art du tatouage mais dont le rôle n’a jamais été mis en valeur. Anne & Julien, commissaires de l’exposition, ont su réunir pour l’occasion, via un important réseau, les œuvres des plus importants tatoueurs.
Portrait de femme Algérienne © Marc Garanger / Collection de l'artiste
Tatouage "brodé" sur le dos d'une indigène [registre 1935]. Ornementation corporelle obtenue par scarification [carton de montage]. Edmond Demaître © musée du quai Branly
Créés spécifiquement pour l’exposition, 13 « volumes » - prototypes reproduisant de manière hyperréaliste des parties de corps humain - sont façonnés dans un matériau expérimental et tatoués par des maîtres de l’art du tatouage parmi lesquels Tin-Tin (artiste tatoueur français), Horiyoshi III (artiste tatoueur japonais), Filip Leu (artiste tatoueur suisse), Jack Rudy (artiste tatoueur américain), Xed LeHead (artiste tatoueur anglais), Chimé (artiste tatoueur polynésien). Sont également présentés 19 projets de tatouages peints sur des kakémonos par des tatoueurs qui exercent dans le respect de leur art, en faisant preuve d'une inspiration résolument moderne et d’une volonté de mettre en valeur dans leurs travaux une réelle singularité.
Les volumes et les projets de tatouage jalonnent le parcours de l’exposition, fil conducteur contemporain qui révèle les réseaux d’influence du tatouage dans toutes les parties du monde.
Flottenbesuch in Hamburg 1966 Photo, schwarz-weiß ©Courtesy Herbert Hoffmann and Galerie Gebr. Lehmann Dresden/Berlin
« Plusieurs phénomènes liés à l'observation de son actuel statut permettent d'affirmer que la pratique vit un temps crucial de son horloge interne.
Longtemps, tatoueurs et tatoués occidentaux n'affichèrent pas une préoccupation du « beau » tel qu'entendu par l’art savant. Relié aux dites “basses couches populaires”, l'acte était brut, sa vertu se lisait dans l'audace du fait.
Il écrivait les premiers chapitres de son histoire moderne. Puis, à la fin du 19e siècle, certains tatoueurs imposèrent la qualification de « tattoo artists » pour exprimer la dimension de leur travail. Ce terme instinctif rejetait toutes distinctions entre « art savant » et « art populaire » -
on refuse souvent de reconnaître aux marges une valeur si facilement accordée à leurs opposés. Les marges ne s'en plaignent pas, elles y prospèrent : acharnés, habités, les tatoueurs n'eurent de cesse d'innover, d'améliorer leur pratique.
Un foisonnement d'échanges entre professionnels de différents continents s'en suivit, révélant au jour le tronc commun de cette confrérie mondiale : le dessin, la composition, la technique.
Le champ artistique de l'histoire contemporaine n’a pas encore été investi.
C’est ce territoire que notre exposition veut explorer, en offrant un nouvel éclairage sur le tatouage : « le jus artistique », « le geste de
l'artiste », « la puissance créatrice », où l'importance des réseaux internationaux complète l’observation scientifique. »
Anne & Julien, commissaires de l’exposition