Vendredi 03 Août 2012 15:13:22 par actuphoto dans Expositions
Expositions du 03/03/2006 au 30/04/2006 Terminé
Icônes et inédits.
La plupart de ces images datent d'il y a un demi-siècle. Je les ai si souvent sélectionnées, publiées, exposées, qu'elles me sont devenues aussi familières – et aussi indéchiffrables - que mon propre visage dans un miroir. D'où icônes. Cela m'a semblé une bonne raison pour en ajouter d'autres, de la même époque, redécouvertes parmi mes contacts. D'où inédits.
En ce demi-siècle, beaucoup de choses ont changé: plus de naissances – paraît-il – plus de nouveaux immeubles, de livres, d'inventions que dans toute l'histoire humaine précédente. Est-ce que nos jeunes regarderont ces photos comme je regardais jadis les daguerréotypes du 19ème? Mon travail aussi est différent: je photographie plutôt pour des projets personnels que pour la presse, plus souvent en couleur qu'en noir, plus volontiers en numérique que sur film.
Le numérique, justement: la présente exposition sera la première tirée par moi-même, en noir et blanc, avec un procédé à jet d'encre. Car la technologie arrive au point où les courbes se croisent: le tirage numérique vient d'atteindre – merci Epson 4800! – un rendu des gris et une pérennité satisfaisants, alors que les papiers au bromure sont de plus en plus pauvres en argent – dans la mesure même où ils en rapportent moins à ceux qui les fabriquent...
Les puristes s'insurgeront: une oeuvre argentique doit se reproduire par un procédé de son temps! Le point de vue se défend, mais il faudrait alors renoncer aussi aux éditions de poche de l'Iliade, aux enregistrements de Bach et aux DVD de Hitchcock! D'autres vont comparer: vous voyez bien, ce n'est pas pareil! Eux aussi n'auront pas tort, l'aspect est un peu différent: mais s'il se trouvait que le tirage numérique est plus proche de l'image que j'ai en tête?
Les photographes d'autrefois (ceux d'avant le photo-journalisme) faisaient eux-mêmes leurs tirages: c'était, du point de vue puriste, la meilleure méthode. Ceux de ma génération, pour des raisons d'urgence, ont de plus en plus confié cette tâche à des spécialistes, au point de désapprendre le travail de laboratoire (si jamais ils l'ont appris). La spécialisation avait du bon: les maîtres tireurs (et je saisis l'occasion pour rendre hommage à des amis comme Pierre Gassmann, Georges Fèvre, Jules Steinmetz et Hervé Hudry) ont été nos collaborateurs dévoués, talentueux et presque toujours plus habiles tireurs que nous-mêmes. Ils ont revécu, dans leur obscurité, nos voyages au soleil, et reconstitué, sur le blanc du papier et avec le savant ballet de leurs doigts sous le faisceau de lumière, les effets que nous cherchions. De surcroît, ils représentaient un lien entre nous, non seulement parce que nous nous croisions parfois dans leurs labos, mais parce que, sans le vouloir ou le dire, ils finissaient par intégrer et par transmettre les exigences (ou parfois les tics) des photographes plus perfectionnistes.
Reste que l'ordinateur nous permet de reprendre les tâches que nous avions déléguées aux tireurs et aux retoucheurs - et même (avec un peu d'apprentissage) d'assumer celles des graveurs et des graphistes.Certes la souris et l'écran sont moins poétiques que le ballet des doigts et la lente apparition de l'image dans le révélateur: mais les résultats sont plus précis, plus réguliers, plus économiques, plus facilement comparables et toujours réversibles. En un mot: ils me paraissent plus miens! Je prie mes amis tireurs de ne pas m'en vouloir: j'avoue ma dette envers eux, je ne saurais sans doute pas manier la souris si je n'avais pas connu le travail de leurs doigts. Ils trouveront toujours des photographes "digitalophobes" qui auront besoin de leur savoir faire. Mais pour moi, même si mes premières photos remontent à un âge révolu, l'informatique représente une extension de mes facultés, dont j'entends bien me servir.
Frank Horvat
vernissage le jeudi 2 mars 2006
à partir de 18h
La Maison-près-Bastille
12, rue Daval, Paris 11e
du mardi au samedi de 13h à 19h 30, dimanche de 12h à 17h
tél. 01.43.55.30.39 e-mail lamaisonpresbastille@wanadoo.fr