© Jean-Manuel Simoes / Atelier 340 Muzeum
L'atelier 340 muzeum Drève de Rivieren, 340 BE-1090 Bruxelles Belgique
Chiens de la casse
Jean-Manuel SIMOES (FR)
Né en 1964 en banlieue parisienne, de double culture franco-portugaise, Jean-Manuel Simoes a commencé sa carrière dans la photographie à l’âge de trente-trois ans. Un intérêt marqué pour l’expérience humaine a orienté sa demarche tout d’abord vers le reportage et la presse.
Cependant, depuis plusieurs années, il investi de nouveaux territoires en s'engageant dans une photographie de proximité, hors de l’actualité, du sensationnel, axée sur des thématiques de société, la vie au quotidien. Son amour du papier en fait un photographe qui reste fidèle à ce support, envisagé comme médium intrinsèque à sa pratique.
En 2005, lors des émeutes et flambées de violence des banlieues parisiennes tels que Clichy-Sous-Bois, Simoes était présent pour couvrir les événements. Convaincu de ne pas avoir pu toucher le fond du problème, il est retourné à plusieurs reprises dans ces ensembles urbains au reflet désespéré pour entamer un travail de plus longue halène sur ce sujet.
À l'inverse de ce que propose les grands médias, Simoes voulait connaître la vie quotidienne de ces gens, vite retombé dans l'oubli à la suite des grands événements, et donner à voir l'humanité qui s'y trouve. Hors de tout sensationnalisme, il est donc allé à la rencontre des habitants, souvent méfiant vis-à-vis du photographe, pour se présenter et établir une certaine relation de
confiance avec eux.
Chiens de la casse est le fruit de cette démarche sincère et ouverte par laquelle Simoes met en partage une lecture honnête et personnelle de ces quartiers dits sensibles.
Ses photographies en noir et blanc sont souvent prises sur le vif. La qualité flou de certaines d'entre elles renforce l'idée d'une dynamique vibrante, d'une vie qui se déroule dans la rue plutôt que les habitations cellulaires. Les clichés de ces scènes quotidiennes nous montrent un monde presque exclusivement masculin qui s'articule autour de l'ennui, de la monotonie mais également de la fierté et l'importance de la communauté lorsque délaissé par les autorités politiques.
Gypsy Queens
Sébastien CUVELIER (LU)
Photographe globetrotter, Sébastien Cuvelier (°1975, vit et travail à Luxembourg) fait son premier voyage en Roumanie en 2011 :
« La première fois que l'on pénètre dans Buzescu au volant d'une Dacia de location est un de ces moments qu'on sait qu'on n'oubliera jamais. A la vue de ces maisons d'un autre monde, le pare-brise se transforme en écran de cinéma d'où surgissent des images mélangeant pêle-mêle contes de fées de Walt Disney et épisodes de MTV Cribs version rappeurs nouveaux riches. Cette vision est devenue un rite.
À chaque fois que je me suis rendu dans ce village (cinq fois en tout), je m'offrais un petit tour de manège : un aller-retour sur la route principale, les yeux grands ouverts. »
Ainsi commence son projet photographique Gypsy Queens. Accompagné de son amie et traductrice Andreea, Sébastien Cuvelier a parcouru à plusieurs reprises les routes roumaines pour un périple total de plus de 6000 kilomètres, le menant aux quatre coins du pays : Ciurea au nord-est, Iveşti et Liesti à l'est, Strehaia à l'ouest, Buzescu au sud. Animé par son désir de passer au-delà des façades de ces palais aux dimensions inhumaines et d'engager une véritable relation avec leurs habitants, Sébastien Cuvelier découvre l'univers insoupçonné de ces femmes délaissées par leurs maris en voyages d'affaire.
© Sébastien Cuvelier
Ces communautés étonnantes de Roms prospères sont rythmées par des codes propres liant de façon excessive réussite sociale
et signes ostentatoires. Les photographies nous montrent donc des vues de ces architectures hors du commun mais aussi et avant tout les femmes et jeunes filles grandissant et interagissant avec et dans cet environnement de palais à moitié vides servant plus de vitrines scintillantes que de lieux de vie, ceux-ci étant souvent réduits à une ou deux pièces aménagées à l'arrière de l'habitation.