Musée de la photographie Belgique Avenue Paul Pastur, 11 6032 Charleroi Belgique
Présentée dans les chapelles du Musée de la Photographie, l’exposition de Gilles Caron, «Le Conflit intérieur», constitue une rétrospective majeure de l’œuvre de ce photoreporter français qui a couvert de nombreux conflits de 1965 à sa tragique disparition au Cambodge en avril 1970. Parallèlement à cette exposition, le service chargé des collections du Musée a opéré une sélection dans ses fonds photographiques en vue d’inscrire la pratique de Caron au sein du photojournalisme de son époque. Une collection photographique se construit en effet sur différents thèmes et réflexions par le biais d’achats, de dons mais aussi au fil des rencontres avec les différents photographes. Le documentaire social et le photojournalisme sont cruciaux pour comprendre l’histoire mais également l’histoire de la photographie. La collection du Musée en témoigne notamment en présentant plus de 150 ans d’histoire du reportage, depuis les images de la guerre de Crimée jusqu’aux actualités récentes, en passant par la Commune de Paris, les deux guerres mondiales, le Vietnam, le génocide du Rwanda et même les conflits sociaux. La sélection de Jours de guerres a été opérée au départ de lieux des reportages effectués par Caron - on pense à Mai 68, à la guerre des Six Jours, à celle du Vietnam, au Printemps de Prague - mais a également débordé sur les années de pratique de Caron et les événements qu’il n’a pas couverts car mobilisé sur d’autres conflits, telle la prise de Stanleyville. Une vingtaine d’images issues des grands noms du photoreportage sont exposées dans la galerie du cloître. Certaines sont mêmes devenues les icônes de mouvements sociaux, notamment la photographie de Marc Riboud lors des manifestations anti-Vietnam ou encore celles de Franz Pans et de Claude Dityvon notamment. D’autres sont tout aussi puissantes dans l’émotion comme celles de Philip Jones Griffiths, reporter de l’agence Magnum, avec ses témoignages de la guerre du Vietnam. Tantôt les civils qui subissent cette guerre sont mis en avant, avec Leonard Freed notamment, tantôt l’attention est portée sur les lieux mêmes, comme Craig Barber, ancien G.I., revenu des années plus tard sur ces villages abandonnés. La force de l’instant prend aussi toute sa mesure avec Dick Durrance, présent au plus fort du conflit du Vietnam, ou Josef Koudelka qui suggère le déclenchement de la guerre. Avec les 25 ans de Visa pour l’image à Perpignan, cette exposition au Musée de la Photographie atteste de la place qu’a prise le photojournalisme dans notre histoire et dans nos collections. Les maîtres exposés aux côtés de Caron résonnent en écho à la nouvelle génération présente au sein des collections permanentes du Musée de la Photographie.