© Carlos Barrantes
Couvent des Minimes Rue François Rabelais 66000 Perpignan France
La Direction de la Culture de la Ville de Perpignan présente une exposition rétrospective consacrée au photographe et tireur d’art espagnol Carlos Barrantes. Cette exposition met en lumière son approche personnelle de la photographie au travers de ses propres clichés et aborde son travail de laboratoire en collaboration avec de nombreux artistes internationaux. Plus de 150 tirages d’auteur reflètent la diversité des techniques employées par Carlos Barrantes, autant dans son travail de photographe que de tireur d’art.
La chapelle basse du couvent des Minimes est consacrée au « Carlos Barrantes photographe », avec des tirages platine, barité, des transferts polaroïd, des cyanotypes oxydés, des platine- Chrome et des impressions Fine Art. Chaque procédé à sa raison d’être et participe pleinement à la construction de l’image, lui donnant une matière, une profondeur au service du sujet et de ce qu’il cherche à évoquer. Les techniques de prise de vue n’intéressent pas vraiment Barrantes qui utilise un appareil de collection du début du 20ème siècle ne permettant aucun réglage. Les flous envahissent l’espace et laissent une part importante à l’imagination du spectateur qui trouve ses repères dans les points de netteté.
Carlos Barrantes travaille sur des thématiques qu’il décline en série. Ses paysages, s’ils nous parlent d’une nature toute puissante et d’horizons lointains, ne sont en réalité qu’un prétexte à l’émotion, au voyage intérieur. Il a une prédilection pour les brumes, les brouillards, les reflets, la mer et le mouvement, tout ce qui brouille les pistes d’un déchiffrage trop brutal du réel. De même, lorsque Barrantes photographie des corps, il s’attache au détail prégnant de sens et d’évocation, et détourne la représentation traditionnelle pour saisir la singularité de son sujet.
La partie « Laboratoire » se tient dans la chapelle haute du couvent des Minimes. Cet espace est dédié au « Carlos Barrantes tireur d’art » et nous présente divers tirages en positif et en négatif pour nous faire partager les différentes versions d’une même image. On retrouve des grands noms de la photographie comme Graciela Iturbide, Henri Rivière, Francesc Guillamet, ou Miguel Rio Blanco, ainsi que de nombreuses techniques de développement comme le charbon, la gomme bichromatée, le papier salé ou le contretypage.
L’exposition « Rétrospective Carlos Barrantes » sera présentée du jeudi 6 mars au dimanche 6 avril 2014 et du 15 avril au 11 mai 2014, à la Chapelle Basse et Haute du couvent des Minimes, entre 10 h 30 et 18 h 00 (sauf le lundi). Le vernissage de l’exposition aura lieu le jeudi 6 mars à 18 h 00. Un catalogue d’exposition, publié aux éditions Le Trabucaire, sera mis en vente en librairie au prix de 20 €.
© Carlos Barrantes
PAR-DELÀ L’HORIZON
Loin,
Très loin,
Toujours loin.
La nostalgie, loin.
Le moi,
Loin.
Par-delà l’horizon parle de cette ligne inexistante, frontière entre notre existence et celle que l’on imagine, où s’établit un dialogue entre le réel et l’illusoire. D’un voyage à l’exté- rieur à la recherche de nous-mêmes, où l’important n’est pas la destination mais le senti. Un lieu où la douceur de l’eau devient dureté de la pierre, où le mouvement se confond avec le calme.
A travers un voyage infini, en nous éloignant de ce qui nous est proche, Par-delà l’horizon nous ramène invariablement au point de départ.
Carlos Barrantes
© Carlos Barrantes
MOUVEMENT
Difficile, douloureux même
De retenir le galop effréné de l’angoisse.
Je pense et je pense,
Et tandis que je pense je ne fais rien.
Mais j’ai besoin de faire, je pense à quoi faire.
Rien, je ne fais que mouvoir de l’air...
Mouvoir, tourner, voler.
Activité,
L’activité de la pensée, L’activité du mouvement.
Je respire, l’angoisse se relâche
La joie revient et avec elle
Le calme, le repos, la quiétude.
Inactivité
L’inactivité pour jouir de l’activité
Carlos Barrantes
JE SUIS
Assis, j ́écoute sa voix. Ses paroles se transforment en images. Fragments de la personne que j ́écoute et regarde, que je ressens ; qui n ́a pas de visage car elle n ́est personne, elle est nous tous.
On nous intime l ́ordre d ́identifier cette voix, ses traits se transforment en lettres, ses contours, en lignes. Paraphe sur le fragment d ́un être identifié comme citoyen.
Carlos Barrantes
UN JOUR PARTONS
Un jour, la belle chatte avec ses grandes oreilles sourdes est partie. Ses images sont là sans forme, simples souvenirs, jusqu’à ce qu’un jour, Baudelaire arrive avec «Les Fleurs du Mal» et modèle son fantôme.
Gata s’étire, ronronne et chemine vers sa nouvelle vie.
Carlos Barrantes
© Carlos Barrantes
CARLOS BARRANTES
Né à Madrid en 1960, Carlos Barrantes se découvre une véritable passion pour la photographie sur le tard, à l’âge de 27 ans. Il débute sa carrière comme assistant de photographes de mode mais très vite, il se spécialise dans le travail de laboratoire et développe ses propres recherches sur les procédés alternatifs et historiques. A partir de 1988, il mène de front son métier de tireur d’art, tout en poursuivant à titre personnel sa production photographique.
L’œuvre de Carlos Barrantes a ceci de particulier que le tirage participe pleinement à la création finale d’une image qui transcende le sujet. La technique utilisée, qu’il s’agisse de platine, de charbon, de gomme bichromatée, de cyanotype, de transfert polaroid ou de platine-chrome, donne tout son relief et sa sensibilité à la photographie. La prise de vue, qui reste rudimentaire, se focalise principalement sur l’image et pas sur la technique. Carlos Barrantes utilise d’ailleurs volontiers un box Agfa du début du XXème siècle. Cet appareil de collection ne permet aucun réglage, le point de netteté étant toujours l’horizon. De fait, les flous s’installent au premier plan et envahissent l’espace, décrivant plus un monde onirique que réel. Le procédé alter- natif employé contribue à accentuer les contrastes, donnant un effet presque pictural et un rendu intemporel à l’œuvre.
Son travail s’articule principalement sur des thématiques qu’il décline en séries. Les paysages, s’ils nous parlent d’une nature toute puissante et d’horizons lointains, ne sont en réalité qu’un prétexte à l’émotion, au voyage intérieur. De même, lorsque Carlos Barrantes photographie des corps, il s’attache plus au détail comme motif prégnant de sens et d’évocation, détournant la représentation traditionnelle pour sai- sir toute la singularité de son sujet. Le mouvement tient une place importante dans sa production. Dans cette recherche d’émotion vibrante, il ne s’inscrit pas dans une dynamique mais contribue plutôt à déclencher un dialogue entre le réel et l’âme, là où la matière et l’esprit se rejoignent pour ne faire plus qu’un.
Carlos Barrantes a exposé ses photographies dans de nombreux pays (Espagne, Allemagne, Russie, France...) et certains de ses clichés ont intégré les fonds de prestigieuses collections. Il s’est installé en 2006 à Perpignan et poursuit ses recherches sur les procédés de tirages historiques.
L’atelier photographique Carlos Barrantes :
En 1993, il crée son propre atelier photographique à Palma de Majorque, et s’installe à Perpignan en 2006. Dans son atelier, il réalise des tirages argentiques traditionnels (barytés) et centre son travail et sa recherche sur des procédés historiques et alter- natifs photochimiques (platinotypie, charbon, papier salé et albumine, cyanotype, gomme bichromatée, Vandyke et Polaroid transferts). D’autre part, il effectue des tirages N&B et couleur en digigraphie Fine Art.
Carlos Barrantes travaille pour des photographes et artistes plasticiens internationaux qui se consacrent à la publicité ou à la photographie d’auteur. A partir de 1996, il reçoit des commandes de nombreuses institutions et fondations comme celle du Fond Photographique de l’Université de Navarre, pour laquelle il réalise des tirages de l’œuvre du photographe espagnol José Ortiz Echagüe (1886-1980).
Depuis 2005, il se consacre à un projet de recherche intitulé « Les procédés de tirage photographique du XIXe siècle. Actualisation et insertion de la technologie numérique », en collaboration et avec le financement du Fond Photographique de l’Université de Navarre. Par ailleurs, Carlos Barrantes donne des stages de photographie pour différentes universités et institutions telles l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière et l’Institut National du Patrimoine à Paris.