
© Marcel Chatenay
Centre d'art contemporain Bouvet-Ladubay 49400 Bouvet-Ladubay France
Regards d’un Poilu
Exposition photographique
Conçue et réalisée par les Archives municipales en partenariat avec l’Ecole d’art et le Label Ville d’art et d’histoire
I - Le fonds « Marcel Chatenay » : un reportage photographique sur la Grande Guerre
A/ Don du collectionneur Yves Cornet aux Archives municipales de Saumur
En septembre 2013, Yves Cornet, grand collectionneur de cartes postales, de photographies et autres objets ayant trait à l’histoire, dont celle de Saumur, proposa de donner aux Archives municipales de Saumur une collection de 886 vues stéréoscopiques réalisées par le grand-père de sa femme, Marcel Chatenay, durant la période de la Grande Guerre.
Par délibération, le conseil municipal de Saumur accepta officiellement ce don destiné à enrichir le fonds public des archives saumuroises. L’objectif commun du collectionneur et de l’archiviste municipale était la conservation pérenne des clichés et la transmission de ce témoignage exceptionnel sur la Grande Guerre.
B/ Le reportage de Marcel Chatenay (1883-1955)
Originaire de Doué-la-Fontaine et épicier en gros dans sa commune natale, Marcel Chatenay porte le grade d’officier d’administration du service de santé des armées à la mobilisation générale.
Relevant de la réserve de l’armée active (il a 31 ans en 1914), il est, à ce titre, envoyé au front, mais pas en première ligne. Son quotidien n’est pas au plus près de la bataille, sous les tirs ennemis, mais à 3 ou 4 km à l’arrière de la ligne, où se trouvent les ambulances mais également l’artillerie, les dépôts de matériels, les cuisines et les autres services.
Il connaît les bivouacs et les abris de fortune. Il parcourt la campagne, traverse les villes dévastées, croise d’autres troupes dont la coloniale, les prisonniers allemands et la population, participe au déblaiement des décombres des villes bombardées comme Ypres en Belgique, tout en assurant sa mission d’organisation de la réception et du transfert des blessés vers les hôpitaux.
Les scènes de la vie quotidienne, telles que la distribution des vêtements et de la nourriture, le passage des roulantes, l’hygiène, la baignade au grand air entre camarades et la prière en plein air, sont fixées sur les petites plaques de verre.
© Marcel Chatenay
C/ Procédé technique des vues stéréoscopiques
Inventeur du procédé stéréoscopique, l’Ecossais David Brewster (1761-1868), ne parvenant pas à intéresser les opticiens et photographes de son pays, le fit fabriquer, en 1851, chez les opticiens Soleil et Duboscq à Paris. Il présenta son procédé à l’Exposition universelle de Londres où l’intérêt de la reine Victoria lui assura son succès.
La prise de vue s’opère avec un appareil à double objectif procurant deux images, positives ou négatives, décalées latéralement pour reproduire l’écart des yeux. Fixées sur une plaque de verre au format 6x13 cm ou 4,5 x 10,5 cm, les deux images sont visionnées à l’aide d’un stéréoscope, appareil à double lentille, ou un appareil de projection stéréoscopique. Ces vues stéréoscopiques sont les premières diapositives destinées à être vues par transparence ou projetées.
L’effet de relief est saisissant, à l’instar des sensations visuelles procurées par les images en 3D d’aujourd’hui. La présentation en relief procure une sensation de présence qui n'existe pas autrement, car le spectateur voit la scène comme s'il y était, surtout en projection dans une salle assez obscure pour que seule la photographie en relief soit visible.
D/ Numérisation et mise en ligne du fonds « Marcel Chatenay »
En octobre 2013, la collection complète des plaques de verre a fait l’objet d’une opération de numérisation confiée à la société bordelaise Arkhênum. Les images numériques sont aujourd’hui accessibles dans la salle de lecture des Archives municipales de Saumur. Au début de l’année 2015, elles seront mises en ligne intégralement sur le site http://archives.ville-saumur.fr
II – Exposition photographique
A/ L’objectif
La remarquable richesse documentaire du fonds « Marcel Chatenay » sur la période de la Grande Guerre, doublée d’un intérêt esthétique, a motivé le projet d’une exposition photographique dans le cadre des manifestations organisées pour le centenaire de l’événement.
Restituées sous une forme moderne grâce à la technique numérique, dans un lieu d’exposition exceptionnel, ces images peuvent toucher un large public, averti ou non averti, toutes générations confondues, sur un événement-clé de l’Histoire, la première guerre « industrielle » à travers le regard d’un soldat français, simple observateur qui suit les régiments envoyés au front.
© Marcel Chatenay
B/ Le choix des thèmes
Portrait du photographe amateur.
Le premier espace sera réservé à la présentation de Marcel Chatenay à travers quelques-uns de ses portraits, des scènes de vacances familiales et sa passion pour l’automobile.
La masse des soldats.
Le reportage photographique de Marcel Chatenay sur la Grande Guerre commence par la représentation des hommes en marche vers la guerre, leur déplacement à pied ou à cheval sur les routes de campagne, la traversée des villes et villages, leurs repos improvisés, leurs abris et tranchées. L’œil du photographe amateur n’oubliera pas les colonnes de prisonniers allemands.
Camarades et scènes de la vie quotidienne.
Après quelques portraits de camarades, le reportage se poursuit avec les scènes d’hygiène, de ravitaillement et de divertissement. La piété des hommes est également représentée dans les clichés.
La guerre mécanisée
Témoin de la mécanisation de la guerre, Chatenay est curieux comme bon nombre de ses camarades, de l’arrivée de nouvelles pièces d’artillerie, des camions, des ballons d’observation et, bien sûr, des avions.
© Marcel Chatenay
Villes ruinées et paysages dévastés.
Ypres, Zonnebeke (Belgique), le Mont Saint-Eloi près d’Arras, Maisnil-les-Ruitz, Barlin, Berck (Pas-de-Calais), la forêt de Lucheux (Somme), Suippes (Marne), etc., autant de villes et de paysages dévastés par les obus et scrutés par le photographe amateur.
Ambulance alpine 306.
Le reportage s’achève sur la construction et la vie de cette ambulance installée dans le massif des Vosges, à Gaschney dans le Haut-Rhin, en 1917.
Un catalogue retraçant l’exposition sera proposé au public.
C/ Tirages modernes agrandis, anaglyphes, diaporama 3D, stéréoscopes
100 tirages modernes numériques, dont 15 en 3D, seront répartis sur dans les salles du Centre d’art contemporain. Les agrandissements photographiques varieront d’un format minimum de 40x45 cm au format maximum de 110x124 cm. Les clichés seront légendés et accompagnés de citations d’historiens et d’extraits de journaux, de correspondance, de cartes postales ou de mémoires rédigés par des soldats de la Grande Guerre.
La projection d’une cinquantaine d’images en 3D complètera l’exposition.
Par ailleurs, afin de plonger le public dans la pratique photographique de l’époque, un appareil de prise de vue stéréoscopique et deux visionneuses seront présentés au cours des visites guidées.
III – Animations autour de l’exposition
A/ Visites et animations scolaires
Les Archives municipales, l’Ecole d’art et le service du Label Ville d’art et d’histoire organiseront des visites pour les établissements scolaires. Il est également prévu d’intégrer des lectures théâtralisées.
© Marcel Chatenay
B/ Visites guidées tout public
Elles auront lieu le vendredi à 18h aux dates suivantes : 20 et 27 juin, 29 août et 3 octobre.
Menées conjointement par les Archives municipales et l’Ecole d’art de Saumur, les visites de l’exposition développeront, après une présentation de Marcel Chatenay, les différents thèmes abordés dans ce reportage photographique sur la Grande Guerre, l’intérêt du procédé technique de la photographie stéréoscopique et les coulisses de la conception de l’exposition telles que les choix scénographiques.
C/ Soirée-présentation d’archives privées et conférence
- Soirée-présentation « Paroles de poilus : souvenirs et témoignages de soldats racontés par leurs descendants », équipe des Archives municipales et collectif de descendants. Présentation de documents et d’objets variés (mémoires, album de photographies, cartes postales, correspondance, diplômes, médailles, objets utilitaires et/ou décoratifs, etc.). Vendredi 12 septembre à 18h au Petit-Théâtre Bouvet-Ladubay.
- Conférence « Mouvements de population à Saumur pendant la Grande Guerre : l’accueil des blessés et des réfugiés », Anne Faucou et Marie-Solange Pourcel. Vendredi 26 septembre à 18h au Petit-Théâtre Bouvet-Ladubay.
D/ Journées européennes du patrimoine, 20 et 21 septembre
L’exposition sera ouverte au public pour les journées du patrimoine de 10h à 13 et de 14h à 18h. Le personnel des archives sera présent pour guider les visiteurs et commenter les clichés tout au long de ces deux journées.
En outre, le dimanche à 11 heures, sous la verrière du Centre d’art, la chorale des Chats noirs nous enchantera avec son répertoire sur la Belle Epoque et la Grande Guerre : « Avec l’ami Bidasse », « la Mitrailleuse », « la Madelon de la victoire », « Allez-y les gars », « Roses de Picardie » et « la Chanson de Craonne ».