
© Paul Monet
Musée de l'Histoire vivante 31 bd The?ophile Sueur 93100 Montreuil France
« Indochine-France-Vietnam »
« Indochine », « France », « Vietnam », trois noms de pays pour évoquer une histoire, une relation, des histoires, des faits, des souvenirs, des images, des photographies. L’Indochine n’existe plus aujourd’hui sinon que dans son emploi géographique et le terme pour désigner cette partie du monde est Vietnam.
L’année 2013-2014 est l’occasion dans le cadre du 40ème anniversaire des accords de Paris (27 janvier 1973) de revenir sur la relation tissée entre Français et Vietnamiens, de nous replonger dans une histoire marquée par la guerre, par deux guerres, mais aussi par des souvenirs familiaux, des souvenirs personnels liés à l’engagement politique, et ne l’oublions pas pour les plus jeunes par le cinéma et la littérature.
Nous vous proposons durant cette exposition de parcourir nos salles et de découvrir pour la première fois les collections de photographies anciennes prises par ces familles françaises vivant dans l’Indochine coloniale et celles de ce capitaine, Paul Monet.
Des Vietnamiens font le voyage inverse dès 1900 partant de Saïgon pour débarquer à Marseille afin d’être travailleur, tirailleur ou bien étudiant. C’est ce que nous montre l’exposition itinérante « les travailleurs indochinois en France, 1939-1952 » conçue et réalisée par Pierre Daum et que nous vous présentons pour la première fois en Ile-de-France.
Pour la première fois aussi, vous découvrirez les photographies d’un correspondant du journal L’Humanité, Alain Ruscio, qu’il n’a jamais exposé parce que photographe amateur.
C’est bien la qualité de « photographie amateur » que nous avons délibérément retenue pour cette exposition. Qu’il s’agisse des photographies anciennes de Marcel Legris prises dans les années 1920 ou celles de Pascal et Marine Collemine prises en août 2012 au Vietnam, toutes sont amateurs et toutes – à condition de se prémunir de leur redoutable effet de séduction – ne nous offrent que des regards particuliers, personnels, d’un pays pour lequel nous vous invitons à partager, nous l’avouons, un intérêt certain…et même de l’affection.
Salle 1
Des Français en Indochine
Nous ne savons rien d’eux. Une famille française en Indochine à la fin des années 1920. D’après quelques indications figurant sur les boîtes des plaques de verre, ils sont originaires de Saint- Etienne ou de Bretagne. La collection conservée au musée compte quelques 2000 plaques de verres stéréoscopiques. Une vision en relief de leur Indochine. Des vues de chantiers, d’un pavillon de la Société d’électricité indochinoise nous renseignent sur leurs activités industrielles. Une Indochine dans sa partie vietnamienne qu’ils parcourent, qu’ils visitent. Cet échantillon photographique nous montre aussi les relations entre Français et Vietnamiens et un aspect de la réalité coloniale.
© Marcel Legris
Salle 2
Marcel Legris, un ingénieur à Saïgon
Marcel Legris (1890-1957) et sa femme sont partis en Indochine dans les années 1920. Ancien combattant, c’est une mission des Ponts-et-Chaussée qui envoie Marcel Legris dans la région de Saïgon. Photographe amateur, il fixe sur plaques de verres stéréoscopiques ses impressions et souvenirs de l’Indochine qu’il découvre. Cette collection privée est riche de prises de vues des tribus des Hauts-Plateaux et nous gratifie d’une sorte de reportage ethnographique. Tous deux accompagnés de leur nièce ils visitent cette partie de l’empire colonial. Images pleines de contrastes et de lumière d’une présence française au Vietnam.
Salle 3
Paul Monet, écrivain et spiritualiste
Officiant en Indochine au service géographique de l’armée au grade de capitaine, Paul Monet fonde à Hanoï, le 6 mai 1922, le foyer des étudiants annamites. En 1926, il assiste à la fête du Caodaïsme des 18, 19 et 20 novembre. Le Caodaïsme se présente comme une nouvelle religion, synthèse de spiritisme annamite et de certains aspects du boudhisme prônant la paix religieuse et civile.
Les photographies reproduites sont extraites d’un carnet personnel de Paul Monet. Photographies de familles, de jeunes étudiants vietnamiens, d’intellectuels et d’artistes caodaïstes. En 1930, Paul Monet fait paraître Les Jauniers ouvrage critique des exactions du colonialisme français.
Salle 4
Vietnamiens en France 1914-1945
Travailleurs, soldats, étudiants, intellectuels, révolutionnaires nationalistes, communistes, trotskystes, de nombreux vietnamiens ont séjourné en France. Ouvriers déjà réquisitionnés sur le chantier de l’exposition de 1900 à Paris, d’autres sont venus se battre dans les tranchées durant la Première guerre mondiale ou ont été affectés au travail à l’arrière. Issus de milieux bourgeois ou aristocratiques vietnamiens d’autres sont venus étudier et ont découvert la République française. Ils ont adhéré à son message de liberté, d’égalité et de fraternité et ont défendu à leur tour l’indépendance et la liberté pour leur pays. Phan Boi Chau, Phan Chu Trinh, Nguyen Aï Quoc (futur Ho Chi Minh), Ta Thu Thaû.
Salle 5
Travailleurs indochinois en France
Conçue à partir de l’ouvrage de Pierre Daum, Immigrés de force, les travailleurs indochinois en France (1939-1952), nous présentons pour la première fois en Ile-de-France, l’exposition « Les Travailleurs indochinois en France ». Dès 1939, quelques 20 000 travailleurs indochinois furent internés dans des camps répartis en zone sud.
Maintenus au travail sous la période de Vichy, ils ne furent pas libérés en 1945 alors que le Vietnam proclamait son indépendance. L’exposition ravive une mémoire enfouie, des douleurs, des combats aussi, ceux qui opposèrent violemment staliniens et trotskystes, une aspiration à la liberté.
Salle 6
Regards, Paris-Match : les guerres au Vietnam
L’Indochine et le Vietnam sont aussi le théâtre de deux guerres éponymes, l’une coloniale qui oppose un Vietnam du Nord à la France et qui se clôt par la défaite de celle-ci à Dien Bien Phu, le 7 mai 1954. L’autre, la guerre du Vietnam, dans laquelle les Etats-Unis se sont enlisés jusqu’à leur fuite de Saïgon le 30 avril 1975. De ces guerres les images sont connues, elles peuplent notre mémoire visuelle. Les magazines Regards et Paris-Match ont couvert respectivement ces conflits. Deux points de vue, deux façons de rendre compte des événements.
Salle 7
Correspondant de l’Humanité...et photographe
Parti en tant que journaliste au Vietnam, Alain Ruscio enverra de nombreux articles à sa rédaction. Il est à Hanoï lorsqu’il apprend que l’armée chinoise a pénétré en territoire vietnamien. Il rendra compte dans l’Humanité du déroulement de cette guerre au sein du camp communiste. Lors de ses déplacements il prend aussi des photographies. «Parce que j’aime les gens» confie-t-il avec cette pointe d’idéalisme humaniste, mais sincère. Photographies de guerre avec ses hommes et ses femmes qui ont revêtu entre 1978-1979 encore le treillis, photographies de vie aussi et du quotidien.
© Alain Ruscio
Salle 8
V comme Vietnam
Lorsque l’on parle de la guerre du Vietnam une génération entière, engagée à dénoncer cette guerre, en Europe et dans le monde se souvient de ces manifestations, des drapeaux brandis, d’avoir sautillé avec l’extrême gauche en criant « Hô Hô Hô Chi Minh, Che Che Guevara ! ». Les mobilisations contre la guerre ont été l’occasion, dans la poursuite des Mai 68, de produire de nombreuses affiches et d’imposer des graphismes, des codes visuels. Au Vietnam aussi des affiches ont été produites, riches en couleur, mélangeant les styles.
Salle 9
Carnet de voyage, août 2012
Un père et sa fille, Pascal et Marine Collemine, résidants à Montreuil sont partis au Vietnam à l’été 2012. Photographe amateur, Pascal a, lors de ses nombreux voyages, souvent ramené des portraits et des paysages fixés sur pellicule argentique. Il offre en juin un appareil numérique à sa fille, et tous les deux s’arrêtent sur ce qu’ils voient, sur ce qui leur parle, les intrigue, les passionne. Ils cadrent et enregistrent ce regard sur le Vietnam d’aujourd’hui.
© Pascal et Marine Collemine