Archi comble © Paul Pouvreau
Galerie de l'artothèque 52, rue Poterie 35500 Vitré France
Du 22 mars au 18 mai 2014, l’artothèque de Vitré invite le photographe Paul Pouvreau à présenter son exposition monographique A fond perdu dans la galerie de l’artothèque intégrant sa commande publique Archi comble visible sur des panneaux publicitaires de la ville.
A fond perdu
Depuis le début des années 80 Paul Pouvreau explore des matériaux banals du quotidien tels que des ustensiles ménagers, emballages, journaux, cartons, sacs en plastique pour concevoir des œuvres « à la manière d’un ready-made aidé ».
La photographie, médium principal de son travail, tente selon lui « de porter une attention à ces petits riens dans lesquels se loge souvent presque tout ». Il s’intéresse aux formes variées des emballages et à leurs effigies, comme autant de signes visuels dialoguant avec notre espace quotidien. Ce recyclage visuel s’agence principalement par rapport à l’espace photographique où insidieusement, «les signes deviennent des choses tandis que les choses deviennent des signes». Les photographies s’apparentent ainsi à des constructions visuelles dont les formes et le sens s’appréhendent de façon plurielle et instable, comme autant de couches sensibles à la surface des choses. Plus que des surfaces lisses et vérifiables, les photographies proposent au regard une extériorité à parcourir. Revisitant les lieux communs ou ceux des genres, les photographies se laissent traverser par une perspective qui ne s’organise plus seulement au moyen du seul point de fuite mais par l’ensemble du territoire des images.
Entre description et fiction, son travail s’accompagne également de vidéos ou de dessins et se présente parfois sous la forme d’installations.
« Le carton est un matériau magique et contradictoire. Il est, à la fois, objet de consommation, éventuellement de luxe, et l’inverse. On le trouve dans l’espace urbain à des niveaux très différents. Par exemple, le carton utilisé par des gens qui se trouvent dans la rue prend, parfois, des formes qui sont, pour moi, éminemment critiques sur l’organisation de la ville. Ces cartons deviennent, parfois, de véritables architectures, étonnantes d’ingéniosité, qui coexistent justement avec l’affront des beaux quartiers. » Extrait du catalogue de l’exposition collective Entre voisins, Galerie Duchamp, Yvetot et BF15, Lyon, 2000, Collection Petit Format, Éd. Galerie Duchamp, Yvetot.
Archi comble © Paul Pouvreau
« Depuis quelques années, plusieurs composantes de mon travail entretiennent des relations assez étroites avec le volume et l’architecture. Cet intérêt s’exprime à la fois par la réalisation de photographies conçues comme une scène construite ou architecturée, dans lesquelles se confrontent les données du réel avec des objets rapportés, généralement des emballages. Cette mise en place de signes divers s’active ainsi dans les photographies de relations plurielles créant des zones d’interférences et ambivalentes entre le naturel et le fabriqué, le réel et la fiction, le sujet et l’objet. D’autre part la présentation du travail s’accompagne souvent par l’installation d’architectures sommaires, réalisées avec des cartons servant ainsi de support à la présentation des photographies ou encore seules, comme contre point à la neutralité abstraite du « white cube ». Ces expérimentations se nourrissent évidemment de notations et d’observations prises directement sur le territoire de la ville avec une attention toute particulière quant aux formes et supports divers et variés que l’image s’accorde à prendre dans l’espace urbain. Il s’agit ainsi d’interroger et de rendre sensible les particularités que cette présence engendre dans notre rapport à la ville et son architecture mais aussi d’appréhender les modalités d’usage que nous engageons plus ou moins consciemment avec ces images. » Paul Pouvreau.
Ses œuvres ont fait l’objet de plusieurs expositions en France et à l’étranger, et figurent dans plusieurs collections publiques et privées.
Archi comble
Un ensemble de sérigraphies placées dans la ville présentent des prototypes de constructions réalisés avec les emballages usagés de produits de consommation du quotidien.
© Paul Pouvreau
Le projet
Le projet intitulé Archi comble se propose d’installer un dialogue visuel entre l’architecture de la cité, la diversité de ses bâtiments avec celle d’un bloc image constitué de photographies représentant elles aussi des formes architecturales et sculpturales. La seule différence est que les photographies présentent des prototypes de constructions réalisées avec les emballages usagés du quotidien. Aussi pour qu’un tel dialogue prenne la forme d’une conversation plus large et concrète au sein de la cité, les photographies noir et blanc et couleurs seront diffusées sur les panneaux et sucettes publicitaires. L’usage des supports publicitaires est motivé ici par un principe d’ironie, qui s’apparente et s’appréhende visuellement comme un effet de retournement.
Pour Paul Pouvreau ce projet révèle dans ses formes l’échange d’un procédé en quelque sorte. Un dialogue condensé ici en image et en situation entre la photographie, la publicité et la cité. Il s’agit de pointer à la fois les relations de productions, d’économies et de communications dans l’espace urbain entre ces trois territoires. Mais aussi de révéler la place importante que la cité accorde désormais à l’image comme partie prenante de son architecture avec les modifications singulières qu’elle ne cesse d’apporter sur sa configuration.
Archi comble © Paul Pouvreau
« Par cette critique de la marchandisation de l'espace social, le projet «Archi comble» acquiert une dimension politique, autant que les photographies de cartons saisies dans les rues qui dressent un panorama morose des conditions de vie dans les métropoles contemporaines. Comment en effet ne pas songer que les cartons abandonnés sur les trottoirs sont, dans les convulsions actuelles du monde, devenus les derniers refuges d'hommes et de femmes jetés sans domicile à la rue ? Du conditionnement de la marchandise à la proximité des démunis, des lumières de la publicité à l'état de déchets urbains, de la surexposition à l'invisibilité, les cartons sont emportés dans un itinéraire social d'usages et de sens, et transformés en symboles de l'exclusion qui condamne un nombre croissant d'êtres humains à devenir de véritables détritus: des individus détruits échoués dans les cartons usagés. » André Rouillé, parisART n°412.
Une commande itinérante
Archi comble consiste en un affichage de plusieurs sérigraphies en noir et blanc sur les panneaux d’affichage 3 x 4 mètres et en couleur dans des sucettes situés dans le centre et la périphérie des villes. Cette commande publique aidée par le Centre national des arts plastiques a été présentée à Arles (Rencontres internationales de la photographie) en 2012, à Sète (Centre régional d’art contemporain de Sète) et à Orthez (image/imatge) en 2013.
Biographie de Paul Pouvreau
Paul Pouvreau est né le 11 janvier 1956 à Aulnay-sous-Bois. Il vit et travaille à Paris et Argenton-sur-Creuse et enseigne à l'Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles. Il est représenté par la galerie Scrawitch (Paris).
Expositions personnelles
2013 « Archi commun », galerie Scrawitch, Paris
2013 « Produits dérivés », image/imatge, Orthez
2013 « Matières premières », CRAC Sète
2012 « Archi comble », Commande publique, affichage dans le cadre des Rencontres photographiques, Arles
2011 « Perspectives cavalières », La Filature Mulhouse
2011 « Double jeu », Lycée Malherbe, Frac Basse-Normandie, Caen
2010 « Fin de série », Les Ateliers de l’Image / La Traverse, Marseille 2008 « Documents à l'appui », Villa du Parc, Annemasse
2008 « Partie en cours », L'été photographique, Lectoure
2007 « A voix basse », galerie des Beaux-Arts, Tours
2005 Galerie des Beaux-arts, Marseille
2004 FRAC Alsace, Sélestat
2003 Espace des Arts, Colomiers
2003 Galerie Les Filles du Calvaire, Bruxelles
2001 « Vice et versa », La Ferme du Buisson, Marne-la-Vallée