© n’Krumah Lawson Daku
Musée de la piscine 23, rue de l'espérance Roubaix France
Bamako et Homo Sapiens is not for sale. avec près d’une centaine de photographies, cette « fabrique des regards » crée une expérience de l’altérité, artistique et émotionnelle, qui nous dévoile avec simplicité que l’humain est une matière sensible et précieuse. les deux séries présentées dans l’exposition sont deux histoires picturales et adjacentes. la première, Flashin’ Bamako, est une découverte de bamako : le flot de la vie bamakoise, ses inconnus dont l’objectif du photographe croise la trajectoire, la douceur de la tabaski, la rudesse de la vie des travailleurs... la seconde, Homo Sapiens is not for sale interroge : que voyez-vous lorsque seul le visage existe, dans son intégrité et sans artifices? que voyez-vous lorsque sont préservées l’écriture de l’âge dans la chair, la topographie du visage, la lumière des regards ? né au togo en 1974, n’Krumah lawson daku arrive en France en 1979 en tant que réfugié politique. la mémoire et la question du devenir sont les thèmes qui portent son œuvre. son travail oscille entre introspection et exploration d’un monde qu’il questionne sans cesse. Revendiquant sa posture pictorialiste et sa quête d’une esthétique, son œuvre présente une structure narrative : les séries se succèdent les unes aux autres, tels les chapitres d’une histoire. sa première rencontre avec la photographie se fait en 2005. son parcours professionnel débute par le portrait et des collaborations avec l’industrie du disque : il photographie Cesaria evora (dont il suivra officiellement la carrière), danyel Waro, Pierre akendengue, boubacar traoré, angélique Kidjo, ismael lo... depuis 2010, il signe les photographies et les affiches du festival africolor. son engagement esthétique s’exprime aussi pour des causes comme la boxe : en 2012 est édité « boxing athenas », le premier ouvrage photographique dédié à la boxe féminine.
© n’Krumah lawson daku tous droits réservés
© n’Krumah lawson daku tous droits réservés
N’Krumah Lawson-Daku fait des portraits et fabrique des regards par sylvette botella-gaudichon « n’Krumah lawson-daku ne pastiche, en aucun cas, la peinture mais dans son travail présenté au musée la Piscine on ne peut s’empêcher de penser aux portraits du greco ou à ceux très sombres de tintoret, parce qu’ils ont en commun les ténèbres monochromes et énigmatiques d’où sortent des visages aux regards intenses mais aussi le pictorialisme du cadrage et la force expressive des visages vus de face.
Pas de joliesse, pas de grâce charmante la vérité est toujours sollicitée. secrètes, romanesques, ardentes mais somptueusement solitaires, les personnes ici présentées ne sont ni jugées, ni idéalisées mais lues et interrogées. sans marqueurs sociaux, sans représentations symboliques, ces portraits-masques sont des miroirs qui accrochent notre regard, forçant le tête à tête. (...)dorothea lange disait que l’appareil photographique apprend aux gens comment voir sans appareil, la démonstration est faite avec l’oeuvre de n’Krumah lawson-daku. nous n’avons pas l’audace de plonge notre regard dans celui d’inconnus pour y chercher l’invisible. les acteurs d’ Homo sapiens ont offert à l’introspection du photographe un part de leur mystère particulier et universel, ainsi modèles et artiste nous permettent la rencontre entre eux et nous, entre nous et nous. nous découvrons alors devant ces regards, ces visages, que ce qui est en nous ne vient pas de nous et que la réciprocité des présences conduit inévitablement à l’altérité, de celle qui ouvre l’au-delà comme le désirait levinas. Parallèlement à Homo Sapiens is not for sale, en écho, est présenté Flashin’ Bamako, paysages d’un voyage géographique et intérieur. (...) il s’émancipe d’une facile et romantique nostalgie, de toute trace « d’exotisme » pour, dans l’intuition de l’instant, remettre à sa vraie place l’humain au centre (réel ou symbolique) de l’image. Pas de récit mémoriel mais une approche plastique contemporaine d’un sujet intime. les précieuses matières - ciel, sable, poussières, murs, eau - à l’éclat implacable ou au velouté assourdi sont d’une beauté qui ne se suffit pas à elle même. il n’y aurait là qu’un cadre, un fond silencieux, une fenêtre ouverte sur un vide élémentaire si des visages, des corps ne donnaient la vibration, l’intensité de la lumière, la mesure de l’espace, l’échelle de vérité, de gravité et de sensibilité. Pas de solipsisme ni d’interprétations sémantiques, aucun indice géographique ou temporel précis, ce paysage africain est une abstraction. il est lieu de rencontre avec l’autre. l’ identification réaliste et subjective d’un sujet qui nécessiterait d’être placé dans un décor symbolique et rassurant, un écrin à la Memling !