Ho? chi minh ville, Vietnam, automne 2007, e?preuve pigmentaire au sel de chrome, carbon print, 9 x 12 cm. © Re?mi Guerrin
Centre Régional de la Photographie Nord Pas-de-Calais Place des Nations 59282 Douchy-les-Mines France
Le Centre régional de la photographie Nord – Pas-de-Calais conçoit et met en œuvre la première exposition monographique du photographe Rémi Guerrin qui vit et travaille dans la région Nord – Pas-de-Calais. Cette exposition, qui prolonge le travail de résidence de l’artiste au CRP sur l’année 2013, est réalisée conjointement avec le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes. Elle sera accompagnée d’une édition monographique intitulée « Limons » à paraître le 15 mars 2014.
L’exposition sur les deux sites sera visible en même temps de février à avril 2014. Au CRP, l’exposition sera intitulée « Limons » et présentera une sélection d’une cinquantaine de photographies de ces quinze dernières années, dévoilant la sensibilité toute particulière de cet artiste qui vit dans la région Nord – Pas- de-Calais et travaille partout en France et à l’étranger. L’exposition intitulée « Pay- sages urbains » au Musée des Beaux-Arts de Valenciennes montre un ensemble de 25 photographies réalisées entre 1999 et 2013 à Strasbourg, Marseille, Kassel, Liverpool ou Hué au Vietnam.
Le Centre régional de la photographie Nord – Pas-de-Calais développe une collaboration étroite avec Rémi Guerrin depuis 2009. Artiste intervenant sur de nombreux projets de pratique photographique menés par le CRP, Rémi Guerrin bénéficie ici d’une première exposition importante de son travail personnel et d’une édition monographique qui prolonge la résidence de l’artiste au CRP dans le cadre du programme « Photographie et Territoire », soutenu en 2012-2013 par le dispositif « Présences artistiques dans les territoires » du Conseil Général du Nord et par la Communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut (à l’occasion de l’ouverture au public de la nouvelle Médiathèque communautaire d’Escaudain).
L’exposition et l’édition sont réalisées en partenariat avec le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes , et avec le soutien du Conseil Général du Nord et de la Communauté d’Agglomération de la Porte du Hainaut et, pour la publication, des Editions Loco et du Centre d’art Le Safran, Amiens..
Hô chi minh ville, Vietnam, automne 2007, épreuve pigmentaire au sel de chrome, carbon print, 9 x 12 cm. © Rémi Guerrin
Rémi Guerrin
L'oeuvre
Rémi Guerrin découvre l’histoire de l’art lors de ses études à l’Institut Saint-Luc à Tournai (Belgique). Il commence la photographie en travaillant avec des photographes sous forme d’ateliers ou de stages. Durant les années 1990, et après avoir travaillé à son compte en tant que tireur professionnel, Rémi Guerrin se met à explorer des lieux nouveaux. Lors de ses déplacements en Andalousie, à Lugano, à Liverpool, au Vietnam, à Marseille, il pratique le sténopé, la box... Il investit également sa région natale : les paysages du bassin minier du Nord de la France et, plus récemment, le littoral. Il compose un « vocabulaire photographique » personnel en cherchant sa propre relation à la matière des images, leurs processus de fabrication, les gestes et la précision de ces actes répétés.
Sur la durée, il définit une approche qu’il impose à l’image, une approche sensible où le corps, son corps, prend une place centrale. Il photographie des espaces de vie, le rapport entre les êtres et les lieux. L’artiste fabrique son appareil, adapté pour convenir à sa manière de photographier. Il le tient sans scruter, sans viser ; il se pose dans l’espace avec les sujets de son travail. Les techniques photographiques sont réduites à l’essentiel lors de la prise de vue. Instinctivement, Rémi Guerrin mesure la lumière, aborde l’ombre par une sensibilité accrue de son corps qui reçoit l’image.
Les photographies encadrées se montrent par ensembles (souvent des dytiques ou triptyques) dans une scénographie ouverte. Aucune série photographique préétablie ne s’en dégage même si des corpus peuvent être identifiés : la présence du végétal, l’enfance, des lieux de vie et de loisirs, le jeu, des espaces ouverts ou, au contraire, construits et percés par la lumière, la profondeur... Le format de ces images, soigneusement composées, est identique à celui des négatifs car Rémi Guerrin réalise des épreuves pigmentaires par contact. La présence du papier donne une réelle texture à l’image finale.
« Rémi Guerrin affirme une totale liberté à l’égard des sujets et des tech- niques qu’il emploie. Pratiquant le tirage argentique noir et blanc, il n’hésite pas à rompre cette homogénéité et utilise des procédés primitifs tels la gomme bichromatée, le tirage au charbon et le cyanotype. Découvertes à l’occasion de sa rencontre avec Nancy Wilson-Pajic, ces techniques sont devenues pour lui une composante essentielle de son travail. Il ne s’agit pas d’un simple effet de style. Précises, minutieuses, ces photographies sont attentives à d’infimes détails, brin- dilles, cailloux, matières irrégulières rendues visibles par des lumières rasantes ; tous ces éléments qui seraient dissous dans l’opacité grisâtre d’un tirage argentique prennent ici, par l’utilisation de ces procédés, une place importante. » Sylvain Lizon
Le Col des Nuages, Vietnam, été 2005, épreuve pigmentaire au sel de chrome, carbon print, 6 x 18 cm. © Rémi Guerrin
De l’ensemble se dégage une subtilité dont l’origine précise est difficile à identifier. Du rapport entre la lumière, les textures des surfaces (objets ou surfaces verticales ou horizontales), des lieux et/ou des espaces, et même parfois les gestes des personnes ou simplement leurs postures, émane une grande intimité. Aussi, la lenteur des procédés de fabrication se ressent dans les photographies que le spectateur découvre.
Quels que soient l’année, le lieu des prises de vues ou le sujet, l’artiste arrive à transmettre dans chaque image que ce qui lui importe se situe dans le contact avec le vivant et dans l’expérience vitale des espaces. Une grande cohérence règne dans cet ensemble.
« Déterminer la mémoire et son impact ; le territoire est prétexte à études. Le lieu est aussi un endroit primitif, un espace de jeu, de récréation. Tout lieu peut être vu ainsi. Expérimenter le rapport à l’espace par la trace, la cicatrice, la marque. Une temporalité spatiale perturbée par un décalage. Changer de perspective, se déplacer lentement. Aller au plus profond de l’image, au cœur de sa structure, au centre de son identité. Les procédés primitifs que j’utilise (cyanotypes, tirages au charbon) me permettent de rendre plus abordable, plus visible ce que je ressens. Travailler au rythme des saisons, en questionnant le paysage comme présence, appréhender l’échelle des choses en inscrivant la place et la trace de l’homme dans son contexte territorial, arpenter, explorer ce qui est fragile et presque imperceptible. » Rémi Guerrin
Pia Viewing, directrice du CRP/ Nord – Pas-de-Calais