Agence Pierluigi, Les photographes attendant Anita Ekberg à la passerelle de l'avion, 1959 30 × 24 cm © Collection Michel Giniès © Attribué à Pierluigi Praturlon / DR
Centre Pompidou de Metz avenue de l'amphitéâtre 57000 Metz
Le Centre Pompidou-Metz consacre une exposition pluridisciplinaire sans précédent au phénomène et à l’esthétique de la photographie paparazzi à travers plus de 600 œuvres (photographies, peintures, vidéos, sculptures, installations...).
Parcourant un demi-siècle de photographies de stars, l’exposition se penche sur le métier de chasseur d’images, en abordant les rapports tout aussi complexes que passionnants qui s’établissent entre le photographe et la célébrité, jusqu’à révéler l’influence du « phénomène paparazzi » sur la photographie de mode.
En associant les grands noms de la discipline, tels Ron Galella, Pascal Rostain et Bruno Mouron ou Tazio Secchiaroli, à des œuvres de Richard Avedon, Raymond Depardon, William Klein, Gerhard Richter, Cindy Sherman ou encore Andy Warhol, qui se sont interrogés sur ce mythe moderne, l’exposition Paparazzi ! Photographes, stars et artistes a pour ambition de définir les caractéristiques d’une esthétique paparazzi.
Un catalogue coédité par le Centre Pompidou-Metz et les éditions Flammarion accompagne l’exposition.
L’exposition est constituée de trois grandes parties : Photographes, Stars et Artistes.
Jean Pigozzi, Mick Jagger et Arnold Schwarzenegger, Hôtel du Cap, Antibes, France, 1990 © Jean Pigozzi
TAPIS ROUGE (INTRODUCTION)
Le visiteur est accueilli d’emblée par les flashs des paparazzis émanant d’une installation de Malachi Farrell intitulée Interview (Paparazzi), se trouvant ainsi lui- même propulsé au rang de star. Grâce à un ensemble de photographies représentant des paparazzis chassant en meute – dans une sorte de mise en abyme –, ce préambule a pour fonction de faire ressentir au visiteur la pression dont la star fait l’objet.
PHOTOGRAPHES
Une profession
Le métier de paparazzi est plus complexe qu’il n’y paraît. Les paparazzis se doivent d’être ingénieux, mettant en place des opérations parfois délicates et risquées. Chacun d’entre eux possède ses trucs et ses anecdotes, autant d’éléments fondateurs du grand récit du « paparazzisme ».
A travers une série d’entretiens avec des paparazzis et une présentation de leurs outils de travail (de l’appareil espion au téléobjectif, en passant par leurs déguisements), ainsi que des photographies de Francis Apesteguy, Olivier Mirguet, Jessica Dimmock, Christophe Beauregard et un extrait du film Reporters de Raymond Depardon, cette section explore les arcanes du métier de paparazzi.
Des mythologies
C’est en 1960 que Federico Fellini invente la figure populaire du « paparazzi » en contractant les termes « pappataci » (petits moustiques) et « ragazzi » (jeunes garçons). Le paparazzi se présente comme un anti-héros postmoderne. Depuis le film La Dolce Vita, il est devenu une figure mythique de la culture populaire.
Des extraits de films de Dario Argento, Federico Fellini, Brian De Palma, Louis Malle ou encore Andrzej Zulawski, des années 1930 jusqu’à nos jours, montrent comment le grand public perçoit le paparazzi : personnage solitaire faisant souvent figure de perdant, assez antipathique car dénué de morale et de scrupules, il incarne une sorte de figure en creux ou de double négatif du reporter de guerre.
Ron Galella, Jackie O. et Ron, New York, 1971 30 x 20 cm © Ron Galella / A. Galerie
STARS
Pleins feux
Le métier de paparazzi est une profession essentiellement masculine. Les victimes sont, en revanche, majoritairement des incarnations de la féminité. A travers l’histoire de huit femmes – Brigitte Bardot, Paris Hilton, Jackie Kennedy-Onassis, Stéphanie de Monaco, Britney Spears, Diana Spencer et Elizabeth Taylor –, cette section montre l’évolution des styles et des enjeux de la photographie paparazzi sur près d’un demi-siècle.
L’envers du décor
Toutefois, les célébrités ne sont pas uniquement les victimes passives des paparazzis. Lorsqu’elles repèrent ces derniers, elles ont le choix de collaborer avec eux en se laissant photographier ou, au contraire, de refuser la prise de vue. Leurs réactions peuvent dès lors aller du simple refus poli à l’agression. A l’inverse, elles peuvent également entrer dans le jeu du photographe en se montrant réceptives, voire complices. Elles vont jusqu’à développer elles-mêmes leurs propres astuces afin d’échapper au star system et à ses contraintes. Cette section offre un panorama des différentes réactions des stars face aux objectifs des photographes à travers un ensemble de clichés des plus grands paparazzis du XXe siècle – Daniel Angeli, Francis Apesteguy, Ron Galella, Marcello Geppetti, Bruno Mouron et Pascal Rostain, Erich Salomon, Tazio Secchiaroli, Sébastien Valiela ou Weegee.
ARTISTES
Les formes de l’appropriation
Les conditions dans lesquelles les paparazzis opèrent génèrent une esthétique particulière : la rapidité et l’improvisation avec laquelle ils prennent la photographie ont des conséquences sur la composition de l’image ; le téléobjectif, utilisé de loin, ou le flash, employé de près, ont tendance à l’aplatir. La réaction des célébrités se protégeant le visage de la main est ainsi devenue le leitmotiv de l’agression médiatique. Depuis les années 1960, cette esthétique a inspiré nombre d’artistes du Pop Art, du Post- modernisme ou de courants plus contemporains, de Richard Hamilton à Paul McCarthy en passant par Valerio Adami, Barbara Probst ou Gerhard Richter.
Dans la peau du paparazzi
Depuis les années 1960, l’attitude des chasseurs d’images fascine nombre d’artistes et de photographes de mode qui, le temps d’un projet, cherchent à se mettre dans la peau d’un paparazzi. Les photographes tels Richard Avedon, William Klein et plus récemment Terry Richardson ont été les premiers à se transformer en paparazzis à l’occasion d’une série de photographies. Quantité d’artistes, dont l’Américain Gary Lee Boas, l’Anglaise Alison Jackson ou encore le collectif autrichien G.R.A.M. ont également collectionné les stars à la manière des paparazzis. A partir des années 1980, plusieurs artistes femmes comme Malin Arnesson, Kathrin Günter ou Cindy Sherman ont, quant à elles, interrogé la place de l’artiste en tant que star.